HEILUNG – EIVØR – LILI REFRAIN
Olympia – Paris
Vendredi 18 novembre 2022
Voici une soirée que j’attendais depuis un moment, après une annulation en décembre 2021 et leur passage au HELLFEST 2022. HEILUNG vient communier dans un Olympia complet accompagné de la multi-instrumentiste LILI REFRAIN et de l’envoutante EIVØR.
LILI REFRAIN
LILI REFRAIN vient ouvrir la soirée, tout sourire et bien calée devant son pupitre ultra connecté. C’est une artiste complète, compositrice multi-instrumentale, offrant un spectacle vivant qui change à chaque interprétation. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, elle n’utilise pas de pistes enregistrées, elle joue sur des boucles superposées sur lesquelles elle pose sa voix et sa guitare.
Il s’avère que c’est également une excellente guitariste, chose que j’avais déjà remarquée lors de son passage au HELLFEST 2022. Entre murmures et chant de cantatrice, Lili Refrain délivre une voix remarquable qui force le respect, à l’image d’Ichor.
LILI REFRAIN va naturellement prendre sa place dans le thème de la soirée, avec son folk teinté de mysticisme et empreint de rock, de blues et parfait de métal. Après un cours instant de flottement, le public adhère à la prestation de l’artiste sur la courte durée de son set (30 minutes).
Elle nous a livré le meilleur d’elle-même et il me parait évident de la revoir une prochaine fois en tête d’affiche pour une immersion complète.
EIVØR
C’est à la douce Eivør de prendre place sur la scène de l’Olympia, accompagnée d’un musicien. Attendue de pied ferme par une grande partie de la salle, la soprano des Iles Féroé va d’entrée de jeu envouter la salle. Avec la composition de la BO de la série THE LAST KINGDOM et l’interprétation du thème principal du jeu God of War (2018), c’est une consécration pour cette artiste déjà souvent récompensée.
Ce soir c’est en symbiose totale avec le public qu’elle va faire résonner l’Olympia, en commençant forcément par un The Last Kingdom fédérateur. Les spectateurs, et en particulier la multitude vêtue de fausses peaux de bêtes et autre artefacts viking, sont au valhalla.
Eivør nous livre aussi des composition plus « électro » comme avec Í Tokuni, savant mélange de Folk et de machines. Avec une setlist composée de ses titres les plus attendus, de The Last Kingdom à Lívstræðrir en passant par le final sur Trøllabundin, Eivør s’est assurée un set gagnant et a transporté l’Olympia qui le lui rendra bien par un tonnerre d’applaudissements.
HEILUNG
Le voyage va continuer et prendre un tout autre aspect avec HEILUNG et son spectacle vivant. Fort d’un troisième album studio sorti en août dernier, Drift signe l’œuvre la plus immersive du groupe et promet un set prenant que j’attendais avec impatience. La setlist ne contiendra finalement que 2 titres de Drift, mais pas des moindres avec les fabuleux Asja et Anoana.
C’est l’album Futha qui sera le mieux représenté ce soir avec pas moins de 7 titres interprétés, et il faut dire qu’il est plutôt imparable sur scène.
Après avoir purifiées la scène et la tribu en faisant bruler de la sauge, Kai Uwe Faust poursuit la cérémonie d’ouverture alors que la salle est plongée dans un silence initiatique. Enfin, presque… Bienvenue en France, quelques débiles primaires ne pourront s’empêcher de perturber ce début par des cris et autres comportements irrespectueux…
Un voyage hors du temps.
L’apparition de Maria Franz fait toujours un bel effet sur le public, aussi enigmatique que gracieuse.
Ouvrant sur In Maidjan, un des 4 rescapés de Ofnir, HEILUNG nous plonge dans le cœur de son univers chamanique et rituel qu’ils définissent comme « Amplified history ».
Avec HEILUNG la notion de concert prend une dimension théâtrale tant le visuel est aussi essentiel que la musique. Avec plus d’une dizaine de personnes sur scène, c’est une véritable tribu qui nous livre une expérience immersive rare et sublime.
Tout est propice à l’évasion : le décor, les instruments, le rituel, l’odeur, les sons de la forêt et les voix envoûtantes. C’est remarquable de cohésion.
On continue l’exploration primale avec Alfadhirhaiti et ses hurlements de loups, ses sons de clochettes, aussi inquiétants qu’hypnotiques.
Les scènes défilent devant nos yeux. De rituels de combat, de guerrières et guerriers investissant l’espace, de danses chamaniques, le voyage se poursuit hors du temps. Les choristes sont également superbes dans leur interprétation, chacun faisant partie d’un tout.
Le public est intégralement sous le charme et la suite appartient à l’histoire. La succession des titres comme Asja, Krigsgaldr, Norupo et jusqu’au plus rythmé et tribal Hamrer Hippyer marqueront les esprits de façon durable ce soir. La cérémonie prend fin devant une salle acquise et qui rend hommage aux artistes par un tonnerre d’applaudissements. On ne sort jamais le même d’une expérience comme celle-ci. Probablement parce que HEILUNG va chercher une résonnance profondément enfouie en chacun de nous, de notre héritage. Bravo !