SLEEPING WITH SIRENS + CHAPEL + CHASE ATLANTIC
La Machine du Moulin Rouge
Jeudi 24 Mai 2018
le metalcore se fait pop à la Machine du Moulin Rouge
Les chevelures grisonnantes sont quasi absentes ce soir-là à Pigalle. Et pour cause ? Un trio de boys band au programme, que l’on ne conseillerait pas à des oreilles trop aiguisées. C’est devant une floraison de jeunes bras tatoués et de casquettes à l’envers – ambiance sortie de lycée – que Chase Atlantic fait son entrée pour un premier set qui laisse perplexe.
Le jeune groupe australien sévit depuis 2014, représentatif de la génération des Millenials et de son goût prononcé pour une musique aux tonalités auto-tunées. Le trio de vingtenaires, branché à souhait, n’en est pas moins trop fade. Chemise ouverte, le frontman Christian Anthony agite le drapeau français devant un public féminin en ravissement. Chase Atlantic enchaîne des morceaux aux vibes électro teintés d’influences R&B et Rap, dotés d’un style dance music proche du phénomène The Weeknd. Les mélodies se confondent, plutôt barbantes, sans une once de rock n’roll ni de metalcore.
C’est au tour de Chapel de prendre place sur la scène de la Machine pour de l’indie pop made in USA, à ne pas confondre avec leurs homonymes irlandais hyper chrétiens en concurrence directe ! Le two-piece band aux notes électroniques acidulées ne casse pas la baraque, mais se laisse écouter en attendant la suite. Carter Hardin, chanteur sans charisme, peine à occuper la scène, tentant quelques pas de Hip-Hop malhabiles. L’on ne peut s’empêcher de se dire que Chapel manque cruellement de musiciens additionnels, bien que la batteuse reste pêchue comme on en fait trop peu. De ce live trop fade, on retiendra le titre Miss Monogamy, à la mélodie travaillée façon Simple Plan.
L’entracte permet d’admirer le logo sulfureux et rétro de Sleeping With Sirens, suspendu en background. Illustrant leur nouvel album Gossip, rien de moins qu’une bouche rouge, pulpeuse et résolument glamour, évoquant l’univers de David Lynch. Cependant, une fois les gaillards sur scène, la magie retombe aussi soudainement. Cela nous rappelle que la recette metalcore est trop souvent la même : un chanteur à belle gueule à l’adolescence éternelle, des tubes suaves et sans surprise aux refrains trop pop, et un côté résolument bubble-gum.
Sleeping With Sirens, c’est bientôt une décennie sur scène et quatre albums à leur actif depuis leurs débuts en Floride. Maintenant trentenaires, les musiciens n’ont pas vieilli. Surtout pas le chanteur Kellin Quinn, efféminé à souhait, se cachant derrière sa frange comme au bon vieux temps. Sosie absolu d’Oliver Sykes, Kellin ne lui empreinte pas que le look. Sleeping With Sirens est un simili Bring Me The Horizon, jouant sur le même terrain et séduisant le même public. Le frontman n’a que peu d’efforts à faire pour gagner le coeur de la foule, jouant devant des donzelles déjà conquises.
Dès les premières notes du tube Legend, l’engouement de la salle atteint son paroxysme. Le hit du groupe, tant attendu, a le mérite d’être catchy. Pour les plus jeunes, Sleeping With Sirens évoquera leurs années « emo », période Avril Lavigne and co. Les autres resteront largués, peu sensibles à ce phénomène metalcore qui se distingue par son manque de densité, son peu de virtuosité musicale et son absence de message.