Among The Living
Interview

Entretien avec François-Thibaut Hordé du groupe Deluge

Nous nous sommes entretenu avec François-Thibaut Hordé guitariste et compositeur du groupe Deluge à l’occasion de la sortie de leur deuxième album Ægo Templo.

DELUGE François-Thibaut Hordé


Si vous deviez présenter DELUGE en quelques mots à ceux qui ne vous connaissent pas, par où commenceriez-vous ?

FTH : C’est un groupe que j’ai créé dans l’ombre pendant deux ans, et qui a vu réellement le jour en 2015. Nous avons sorti un premier album « Æther » chez les Acteurs de l’Ombre et aujourd’hui nous sortons sur Métal Blade notre deuxième opus  Ægo Templo qui est beaucoup plus ouvert. Pour définir notre style, bien que j’aie un rapport difficile avec les étiquettes, on pourrait dire que l’on fait de la musique inspirée par l’énergie primitive du Black Métal.
Ce n’est pas vraiment du Black Métal, non plus du Post Black, du post Hardcore, du Scream, du Hardcore, je préfère rester large pour ne pas prendre de parti dans lequel je ne me retrouverais pas totalement. J’ai quelque chose d’assez pointu avec les étiquettes. Si j’embrasse quelque chose je le fais pleinement, et dire que l’on fait du Post Black ce n’est pas tout à fait ce que l’on fait.
On cherche encore une étiquette mais une chose est sûre c’est que l’on fait de la musique. Enfin j’espère. 

Il y a eu une longue période entre Æther et Ægo Templo, (6 ans de gestation), que s’est-il passé pour vous pendant cette période ?

FTH : J’étais en cure de désintoxe (rires). Plus sérieusement DELUGE c’est le premier groupe et projet dans lequel je me suis impliqué totalement et qui me corresponde de bout en bout. J’avais besoin d’écrire des choses, c’était une sorte de catharsis, d’exutoire. J’aurais trouvé ça « malhonnête » de sortir un deuxième album tout de suite après car je voulais user Æther , tourner avec ce que l’on a fait pendant deux ans. Je voulais attendre de ne plus être dans le cycle du premier album pour écrire quelque chose de nouveau. Nos vies personnelles ont aussi contribué à ce décalage mais c’était surtout la volonté d’avoir une autre histoire à raconter.

Quelles sont les thèmes que vous développez sur Ægo Templo et à quel point y as-tu investi ton histoire personnelle ?

FTH : J’ai beaucoup de mal à parler du deuxième sans démarrer par le premier. Æther c’était une urgence et un besoin, DELUGE n’était personne dans ce milieu et nous n’attendions rien de particulier. En revanche ce n’est pas la même histoire quand tu as un premier album. Bizarrement je voulais faire quelque chose de radicalement diffèrent avec Ægo Templo, avec des thématiques plus travaillées, plus intellectualisées. On aborde plutôt des thèmes sur la reconstruction et la construction de soi, Ægo Templo voulant dire « je suis le temple » alors que l’on pourrait penser que cela pourrait vouloir dire « le temple de l’ego », ce qu’il faut fuir. Il faut être égoïste et non pas egocentrique à mon sens, il faut commencer à travailler sur soi avant de pouvoir, après, aider son prochain.

Vous avez votre propre style finalement. DELUGE est inclassable et c’est tant mieux non ?

 FTH : Je pense que tu veux dire qu’on a une identité forte en fait. Dans DELUGE tout est lié, l’imagerie, les paroles, la musique, la scénographie. DELUGE c’est moi et ce que je fais passer à mes potes. On ne va pas se déguiser pour coller à une certaine image du Black Metal. Le « Untrue French Black Métal » c’était une sorte de blague à la base, et après un tout petit peu de recul je me dis que cela ne nous définit pas si mal.
Alors aujourd’hui on ne l’utilise plus trop car cela prétendrait que l’on fait du Black Métal, ce qui pour moi n’est pas le cas. J’aimerais bien trouver une belle étiquette qui nous corresponde, mais je préfère parler d’énergie primitive. Il serait un petit peu prétentieux de dire qu’on a créé un genre.
Il y a des choses qui existent qui sont très bien faites et intelligentes, ouvertes et lumineuses, comme ALCESTDeafheaven, Der Weg einer Freiheit et j’en oublie, et on essaye au maximum de ne pas s’inspirer d’eux.

Vous avez changé de label pour Ægo Templo, vous êtes passé Des Acteurs de l’Ombre à Métal Blade Records. Comment cela s’est fait ?

FTH : Nous avions plusieurs propositions déjà pour Æther, et nous avions choisi les Acteurs de L’ombre car cela nous semblait super cohérent pour un premier album. C’est le label parfait pour un bon premier album. Pour Ægo Templo je voulais le meilleur pour l’accompagnement et aussi rester avec les Acteurs de l’Ombre, mais il s’est avéré que la proposition de Métal Blade était la plus pertinente pour DELUGE.

 

Tu as dit « C’était un défi très intéressant – et épuisant ». Ægo Templo a dépassé l’investissement musical ?

FTH : Carrément oui. DELUGE c’est moi, en tout cas tout ce que je vis je le mets dans DELUGE. Pour Æther j’avais des choses à dire, et notamment je parlais du décès de mon père il y a 11 ans, et pour le deuxième album j’attendais d’avoir une histoire à raconter. En 2017 j’ai eu une très mauvaise expérience avec la trahison d’un associé, et au même moment j’apprenais que j’allais être papa. Je vois dans tout ça une sorte de cohérence naturelle, ce que l’on appelle les engrenages invisibles, et cela m’a fait sortir de ma zone de confort.
Le résultat est là aujourd’hui et j’en suis très content. Ægo Templo est un album qui va s’écouter très longtemps, car il est dense et riche.



deluge


Ægo Templo, de mon point de vue, est moins Hardcore que  Æther, plus « lumineux » par certains côtés, moins froid. Est-ce une voie que DELUGE va continuer à explorer et développer ?

FTH : C’est marrant car assez régulièrement on nous parle de Hardcore, mais ce n’est pas quelque chose que je ressens. Quand on y réfléchi, le Hardcore vient du punk, le Metal c’est le Metal, mais en revanche le Black Metal c’est du punk métallisé. En fait je ne trouve pas qu’on ait de sonorités Hardcore, mais quelque chose de groovy plutôt. On ne fait pas de métal, on a des structures plutôt Rock en fait. Je vais ouvrir le spectre musical de DELUGE et aborder d’autres thématiques à l’avenir oui.

Quand je parle de « Hardcore », j’évoque plutôt l’énergie plus que la sonorité en fait.

FTH : Tu n’es vraiment pas le seul à nous faire cette remarque c’est amusant. Je pense que cette impression vient des compositions de DELUGE et de leur côté « live oriented ».

Sur « Gloire au silence » il y a une narration en Japonais. Pouvez-vous nous éclairer sur le sens de celle-ci ? Et sur votre collaboration avec Tetsuya Fukagawa (du groupe Envy).

FTH : Je le voyais sur cette piste, on s’est rencontré et ça a matché. Il voulait lire un poème sur ce thème qui lui parlait vraiment. Il a donc écrit ce poème qu’il lit sur la fin de la piste, et je ne l’attendais vraiment pas là-dessus en « spoken words ». Il m’a vraiment surpris car on aurait pu l’attendre en mode plus crié.


Sur Baïne il y a une narration presque cybernétique, tu peux m’en dire plus ?

FTH : C’est probablement le titre qui va le plus loin pour nous mais aussi, paradoxalement, le plus facile à écouter pour quelqu’un qui voudrait découvrir DELUGE. Il y a l’énergie, la patte de DELUGE, c’est un très bon consommable. Ce titre est une expérimentation.

Vous êtes sur l’affiche des métaldays 2021. Comment avez-vous eu cette opportunité ?

FTH : Ils nous ont contacté tout simplement. On est très content de cette opportunité.

Tu attends quoi concrètement de ce dernier album ?

FTH : d’aller le plus loin possible. On a ouvert le spectre, on veut ouvrir notre public, on veut vraiment dépasser la scène Métal en fait. Non pas que l’on ne s’y retrouve plus, mais on veut dépasser ça. On veut voir les choses en grand. 


DELUGE-François-Thibaut Hordé


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