Rencontre avec Luka van de Poel, 25 ans tout juste, et loin d’en être au début de sa carrière. Sur la route depuis 2007 avec son frère Pablo et son ami Robin à l’orgue Hammond, le gaillard discute influences vintage, rock mâtiné de soul et surtout de la sortie de son dernier – très bon – opus, Tascam Tapes.
Le nouvel album de DeWolff, Tascam Tapes, sort dans les bacs le 10 janvier 2020. Comment pourrais-tu le résumer ?
Tout d’abord, ce n’est pas un album commun de DeWolff ! Je pense que ceux qui connaissent le groupe risquent d’être surpris, car notre dernier opus est assez différent de ce que nous avons pu faire auparavant. Nous avons enregistré Tascam Tapes lors de notre tournée européenne en France, en Espagne et en Allemagne il y a un an. Nous avions eu l’idée d’écrire et d’enregistrer notre nouvel album dans le van, en backstage, dans les hôtels, et sur le bord de la route ! Nos chansons ont été écrites dans des endroits improbables. Nous avions une boîte à rythmes avec nous. Notre nouvel album est empreint d’un nouveau style, entre classic rock, funk et les débuts du hip hop des nineties.
Tascam Tapes, le nom de ton dernier disque, fait référence à l’entreprise Tascam qui a créé les premiers enregistreurs sur cassette. Est-ce le système que vous avez utilisé pour enregistrer l’album ?
Oui, tout à fait ! Le son particulier que nous avons sur l’album vient du fait qu’il a été enregistré uniquement sur cassette. Assez peu d’albums ont été enregistrés par ce biais-là. Je sais que Bruce Springsteen l’a fait, c’est le seul dont j’ai connaissance. Il y a un son très typique associé aux cassettes. Nous avions envie d’un rendu vintage, venu d’un autre temps. C’est mon frère Pablo, notre chanteur-guitariste, qui a eu l’idée. Quand il est venu nous voir avec ce concept, nous étions très dubitatifs au début. Tu sais, c’est plutôt rude d’être en tournée ; tu bouges d’un endroit à l’autre de façon incessante, tu te couches tard, tu te lèves tôt, parfois tu bois même un peu trop… ! Est-ce que tu as vraiment envie d’enregistrer un album pendant ce temps-là ? C’est pour cela que Tascam Tapes raconte une histoire différente, empreinte d’aventure.
Alors que votre précédent opus Thrust était assez proche du hard rock, vous semblez explorer des influences jazzy avec ce nouvel album…
Absolument, c’est juste. J’ai eu envie d’utiliser la batterie avec une inspiration issue de la soul music. C’était une période où j’écoutais beaucoup de batteurs de soul légendaires. Je pense que l’une des différences majeures vient de là. La batterie classic rock est totalement différente, et apporte un style tout de suite beaucoup plus marqué que la batterie soul !
Tascam Tapes est empreint d’une énergie très positive. Etait-ce le but de ton groupe de transmettre un sentiment de plénitude dans cet album, ou est-ce un simple hasard ?
Pour être honnête, je pense que c’est une question de hasard ! Mais avec du recul, je trouve ça juste. C’est très cool que notre album ait des consonances positives. Musicalement, Tascam Tapes est assez léger, et semble transmettre de la joie. Il y a un décalage entre les mélodies et les thématiques de nos chansons, qui sont en réalité très sombres. Les paroles de nos nouveaux titres sont particulièrement mélancoliques, voire même négatives !
La différence de style se ressent aussi à travers la pochette de l’album. Alors que Thrust était aussi foisonnant que coloré, Tascam Tapes est proche du minimalisme. Pourquoi ce choix radical ?
Nous avions envie de traduire la façon dont l’album a été composé dans sa pochette. Ce que tu vois est ce que tu entends. En ce sens, notre message est assez direct. Thrust est un album psychédélique, riche et coloré dans sa composition. Alors qu’ici, une pochette reprenant le même style ne collerait pas avec la musique. Nous avons voulu avoir un message clair, et transmettre la façon dont le disque a été enregistré de façon efficace. Si tu flânes chez un disquaire et que tu tombes sur Tascam Tapes, il va attirer ton attention car il est atypique.
Pourrais-tu choisir un morceau que tu apprécies particulièrement dans Tascam Tapes, et nous raconter son histoire ?
It Ain’t Easy est une super chanson, qui mérite que l’on raconte son processus de création. C’est le premier morceau que nous avons composé pour Tascam Tapes. Nous étions en train de jammer dans le van, avec notre enregistreur allumé. J’ai commencé un groove à la batterie, et mon frère Pablo a suivi à la guitare. Totalement improvisé, le résultat était plein de soul, empreint d’une énergie catchy. Nous avons directement chanté la mélodie par dessus la ligne instrumentale. Ce qui est drôle, c’est que la version de l’album correspond à cette version de démo ! Nous avons juste ajouté du chant avec des paroles par-dessus. Cette chanson a été écrite en dix minutes, sans trop réfléchir, mais je la trouve trop cool.
L’année dernière, DeWolff a joué à la Maroquinerie à Paris. Quel est ton souvenir de ce concert mémorable ?
C’était vraiment une salle très agréable, j’ai beaucoup apprécié y jouer. Je pense que La Maroquinerie est l’une des salles les plus chouettes où nous ayons eu la chance de jouer à Paris jusqu’à présent. C’est drôle, nous avons également enregistré une chanson dans le backstage de la salle. Il s’agit du chant du titre Love is such a waste. La Maroquinerie s’est improvisée en studio d’enregistrement pour un soir ! En tout, nous avons enregistré 40% de notre album dans notre van, en roulant d’un concert à l’autre, 10% dans des chambres d’hôtels, 10% sur le bord de la route, 20% en backstage, et enfin 20% de retour dans notre studio. Le processus d’enregistrement de l’album a été très fragmenté, car nous étions constamment en déplacement.
Quels sont les projets de ton groupe pour les mois qui viennent ?
Bien sûr, nous revenons en France ! Nous débutons une nouvelle tournée le 17 février 2020. Nous allons passer par Paris, pour une date au Petit Bain. Nous allons jouer huit ou neuf concerts en France, accompagnés par les Dawn Brothers. C’est un de mes groupes préférés de Hollande, qui vont assurer la première partie pour nous. Ensuite, nous allons débuter une tournée européenne assez importante, où nous passerons par la Scandinavie et le Royaume Uni.
Merci à Luka.