HEALTH
Interview réalisée le 13 décembre 2023 par Martine Varago
Entre deux dates de concerts en Europe, Health, le trio de metal indus est de passage à Paris.
Vivant à East L.A., le quartier populaire des Chicanos depuis des décennies, les trois membres viennent passer une journée promo pour défendre leur tout dernier album « Rat Wars », sorti le 7 décembre. C’est un mix d’influences telles que Nine Inch Nails, KMFDM, Ministry ou encore Deftones.
Créé en 2005, le trio écume les lieux underground de la ville lumière. Avec peu d’argent en poche, les rats de la ville enregistrent leur premier album éponyme au LA club. Avec plusieurs flèches à leur arc, « Get Color » en 2009, « Death Magic »(2015), Vol. 4: Slaves of Fear (2019), leur double album « Disco4 » en 2020-2022, Health expérimente la scène du HELLFEST en 2022. Il nous plonge d’emblée dans un univers qui jongle entre lourdeur et atmosphère éthérée. En outre, ils contribuent à une grande variété de bandes sons de jeux vidéos comme Max Payne 3, Cyberpunk 2077 et Grand Theft Auto V.
Line-up
Jake Duzsik (chant / guitare)
John Famiglietti (basse /production)
BJ Miller (batterie / production)
Jake, un jour, tu as déclaré qu’on ne peut pas garder les chansons comme ça juste après leur premier jet. Quel processus d’écriture as-tu choisi pour ce nouvel album, le cinquième, intitulé « Rat Wars »?
Jake : Je pense que la production de cet album est beaucoup plus organisée parce qu’ on a dû y passer deux ans durant la pandémie. Pendant cette période, nous n’avons fait qu’écrire de la musique, composer de la musique car on se demandait si on repartirait un jour en tournée. La plupart de ses compositions ont été faites à la maison, séparément. On a collaboré aussi avec d’autres artistes. Quand on travaille ainsi, on ne peut pas avoir de véritable agenda. Le but n’était pas de sortir un single. Tu laisses la chanson telle qu’ elle est et on espère que chaque membre sera content. Je pense qu’on retrouve cet état d’esprit dans cet album. Aussi n’y avait-il pas de commande précise. Je ne savais pas quels seraient les singles jusqu’à leur révélation. Et le label a aimé nos chansons telles quelles. On a juste créé un paquet de chansons.
John : C’est le premier album réalisé sous confinement. Il porte une sorte de désespoir et il est créé dans une atmosphère qui plaira aux fans.
Ben : De retour sur scène ! (mdr). C’est un album très complet question sons et banque de sons. On a pu atteindre les modèles provenant de nous-mêmes et en même temps pour nos fans. On a fait du bon travail.
Jake :Pour moi, je ressens cet album comme si on revenait aux origines de notre premier album.
Vos paroles ainsi que le titre de l’album « Rat Wars » dépeignent un avenir de l’enfer. Les rats sont considérés comme de la vermine. Pourquoi avoir élu un monde aussi pessimiste ?
Jake : Malheureusement, ces deux dernières années ont été difficiles sur un plan émotionnel. Personnellement, j’ai été père durant la pandémie mais personne de ma famille ne pouvait venir nous voir. Mais je pense que je ne suis pas le seul ; beaucoup de gens peuvent ressentir un certain pessimisme. Rien que les informations peuvent rendre la réalité pire que ce qu’elle n’est en réalité. De la pandémie aux guerres actuelles en Europe et maintenant avec Israël, ce genre d’événements cause des problèmes. Bien sûr, on a commencé de composer et d’écrire cet album avant tout cela mais on a toujours pensé à réaliser un album décrivant un avenir perturbé, si ce n’est un monde post-apocalyptique où la technologie est présente mais où tout est détruit et les gens se retrouvent seuls et déplacés. On reste juste un groupe, on n’a pas de prétention particulière. Aussi si les paroles sont austères, déprimantes, ce n’est pas un but en soi de faire du heavy avec des paroles sombres et offensives. Je suis naturel quand j’écris.
Tu as parlé de la pandémie à cause du Covid19. A quoi ressemblaient les rues de LA. ?
Ben : Les rues étaient vides. J’ai pu parcourir 25 miles à vélo : il n’y avait pas de voiture. Mais on n’a pas vécu de fermeture complète de la ville comme à Shanghai. Donc ce n’était pas si mal que ça !
Jake : Pendant la pandémie, je vivais dans un studio et je venais d’être père. On ne pouvait voir personne de la famille et on était avec mon partenaire et mon enfant tous les trois enfermés. Les paroles évoquent des choses personnelles. Ce n’est pas un album sur la pandémie. Les paroles évoquent de nombreux sujets de mon point de vue mais elles peuvent toucher un grand nombre de personnes. Des moments où on été isolés, on se sentait seuls, des moments de la vie plutôt déplaisants .
Où puisez-vous vos influences, au sens large du terme, que ce soit dans la musique, le cinéma ou la BD pour composer ?
John : Il y a tellement d’influences, tout le monde veut rejoindre la scène à L.A ! Mais un jour, quand j’ai vu des groupes en tournée lors de Oops the Tour à San Diego tels que the Locust, Lightning Bolt, Little Brothers, Hearthland… Ok, je me suis dit je vais monter un groupe.
Jake : Pour moi, le plus important dans ma vie c’est la musique. En terme d’espace émotionnel, cela occupe beaucoup de temps : le temps d’écouter, de composer, d’écrire. C’était mon idéal même si je n’ai pas pensé au début à en vivre. Pour moi, c’était quelque chose d’important de réaliser à un haut niveau et je me suis concentré là-dessus. Quand c’est arrivé, il y a eu une véritable transformation dans ma vie.
Et toi Ben, peux nous peux-tu nous parler de tes influences musicales ?
Ben : J’ai grandi dans une famille au sein de laquelle jouer de la musique était le quotidien. Mon père était pianiste, des cousins jouaient du violon ou faisaient parti d’un chœur. Pour moi, la musique était une évidence. J’ai commencé la musique très jeune et, ensuite, j’ai joué dans des groupes à l’école et au lycée. On a beaucoup écouté Nirvana. Probablement lorsque j’ai écouté Team Spirit à la radio, je me suis mis à jouer de la batterie. J’ai aimé la façon dont se jouait la batterie et j’avais déjà un set de batterie et un groupe au lycée. J’ai eu plusieurs projets entre le lycée et l’université avec des groupes de jazz aussi. Lorsque j’ai rencontré Pivit, on a eu de multiples projets mais je voulais faire quelque chose qui ait du sens, de jouer dans des concerts plus grands.
Etes-vous allés au conservatoire de musique ou avez-vous bénéficié de la logistique et du matériel de musique au lycée ? Il faut noter que les lycées aux États-Unis sont souvent équipés d’une salle de musique, d’une scène, etc…
Jake : Pas moi ! J’ai une formation complètement informelle.
Ben : J’ai eu un groupe qui est né dans ces conditions à l’école. Mais on n’est jamais allés dans les charts.
John : Je me suis inscrit à la section musique et chant mais j’ai raté la moyenne ! (rire). En plus, je ne pouvais pas chanter alors j’ai abandonné !
Le groupe expérimente différentes vitesses en jouant. Qu’est-ce qui vous semble plus facile à jouer : presto ou largo ?
Ben : Jouer de la batterie très rapidement est plus difficile.
Jake : Jouer de la guitare vite est plus difficile aussi. Chanter vite aussi, ce qui fait sens car il faut transmettre beaucoup plus d’énergie. Quand c’est très lent, c’est évidemment plus facile. Mais c’est plus facile de jouer vite, mais plus difficile de jouer vite et bien. Jouer largo est très ennuyeux sur scène ! (Rires)
Ben : On essaie d’être speed sur scène !
Après quelques dates aux Pas-Bas et au Royaume Uni en 2023, vous tournerez aux États-Unis en 2024. Avez-vous prévu d’autres projets de concerts ?
Jake : Après la période de Noël, nous reviendrons pour participer à quelques festivals l’été prochain et nous jouerons en tête d’affiche l’automne. Rien de décidé encore mais on va effectuer une tournée européenne.
John : On ne peut pas les annoncer, ce serait une violation !
Ben : Par contre, Roadburn festival aux Pays-Bas et Tons of Rock à Oslo en Norvège sont confirmés.
John : Le même jour que Judas Priest aux Tons of Rock, c’est extraordinaire !