Among The Living
Interview

Interview Dead Poet Society

Interview Dead Poet Society

Réalisée le 11 mars 2024

Par Martine Varago


Après avoir créé la sensation avec ses 13 titres sur leur dernier album « Fission » sorti début 2024, le quatuor californien Dead Poet Society perfectionne son art et apparaît désormais comme l’un des groupes prometteurs de la scène rock internationale.

Les changements personnels et différentes turbulences au sein du groupe n’ont pas entamé la créativité de son leader Jack Underkoffler (guitare/chant), qui jette un regard positif sur les événements de la vie. La musique est quant à elle un mélange unique d’hymnes alternatifs, de hard rock sombre voire d’indie rock limite progressif. « Fission » est donc vraiment une œuvre avant-gardiste.  À bien des égards, cet album a pour but de déballer les douleurs émotionnelles qui accompagnent la vie d’adulte.

S’imposant devant une audience joyeuse et frénétique à la Maroquinerie le 11 mars dernier, débordante de bonne humeur et sans aucun grincheux, Dead Poet Society insuffle leur adrénaline et leurs émotions dans un tourbillon de riffs et dans une atmosphère folle. Il s’impose dans l’amphithéâtre, comme une sorte de révélation aux auditeurs, insufflant un état d’esprit positif. Le chanteur Jack Underkofler et le batteur Will Goodroad parlent de leur musique et souhaitent faire savoir à leurs fans que « ce  qu’ils vivent est valable,  quelle que soit l’étape où ils se trouvent dans leur vie ».


Vous étiez supers hier sur scène à la Maroquinerie, un club parisien qui a la particularité d’être en forme d’amphithéâtre. Le public était génial aussi.

Jack Underkofler : C’était irréel, le public était au top. Le lieu était particulier aussi. Nous n’avons jamais joué dans un lieu similaire, en forme d’amphithéâtre. C’était dingue ! Il y avait une foule incroyablement superbe !

Will Goodroad : Les fans chantaient même les riffs de guitare. C’était incroyable !

Beaucoup d’émotions dans le public et beaucoup d’énergie sur scène. Comment préparez-vous vos shows ?

Jack : Nous avons beaucoup répété avant d’entreprendre notre tournée actuelle. Nous donnons beaucoup de concerts et nous aimons partager nos émotions, notre musique avec nos fans. Chaque chanson prend beaucoup d’énergie émotionnelle. C’est l’adrénaline qui nous envahit. On était tellement excités de voir ce public si heureux.  On adore jouer sur scène. Si tu envoies de l’énergie et que le public y répond par le même feedback, c’est positif. De plus, la Maroquinerie est une salle qui s’y prête bien.

Le bassiste, absent de l’interview, se montre particulièrement flexible sur scène : lever le pied presque à hauteur de ses épaules ! Pratique-t-il du sport ?

Will : J’aime bien cette question !

Jack : Il est juste plein d’énergie. Il aime bouger son corps. Mais c’est amusant d’avoir ce point de vue. On dira à Nick (Taylor) qu’il est très souple ! (rires)

Cela fait plusieurs semaines que vous êtes en tournée. Est-ce que tu aimes être sur la route ?

Jack : J’adore et je pense que nous sommes faits pour ça. On en a rêvé toute notre vie et on est plutôt contents des résultats.

Vous distribuez des tranches de pain de mie à la fin de votre prestation. Cela représente-t-il un symbole particulier ?

Will : On aime bien quand on nous pose cette question ! (rires) A la fin de la journée, c’est difficile de trouver des magasins de musique ouverts,  surtout en Europe. C’est difficile de pouvoir racheter des médiators et des baguettes. Par contre, on trouve toujours du pain !

Jack : On distribue des médiators, des tranches de pain de mie car on veut faire plaisir et donner quelque chose. Le pain, c’est quelque chose que l’on a toujours en tournée, donc on peut toujours distribuer du pain ! On donne tout, on donne notre corps…

Revenons un peu en arrière. Le nom Dead Poet Society est-il issu du film du même nom ?

Jack : Quand je suis rentré au sein du groupe, les membres qui ont donné le nom à Dead Poet Society n’en faisaient déjà plus partie. J’aurais voulu changer le nom mais le guitariste Jack (Collins) n’a pas souhaité la même chose. Donc on a gardé ce nom. C’est trop tard pour changer maintenant.

Vous m’avez affirmé que vous aviez déménagé à Los Angeles en 2016. Pouvez-vous nous en indiquer la raison ? De nombreux groupes de rock sont originaires de Boston comme the Pixies. Mais depuis les années 80, de très nombreux groupes affluent à Hollywood car les major compagnies y sont toutes présentes.

Jack :  Il y a justement davantage d’opportunités. On peut rencontrer plein de musiciens.

Will : De nombreuses villes américaines comme New York, Seattle, Détroit,etc… sont le berceau de nombreux groupes de rock. Mais le guitariste a besoin de surfer !

En effet, si on veut faire du surf il vaut mieux être à Los Angeles ! Au fond, qui vous a vraiment influencés, donné envie de jouer de la musique : les parents, les frères, les sœurs, les copains ou d’autres groupes ?

Jack : Ma mère était chanteuse, ma grande sœur joue très bien du piano et mon père chantait des chansons irlandaises. Je suppose que ma famille a joué un rôle prépondérant dans mon éducation musicale.

Will :  Ma famille était fan de musique et mon père jouait de la guitare tout simplement. Mais je me suis construit seul musicalement parlant.

Et les influences d’autres groupes ?

Jack : Muse, Highly Suspect.

Will : J’aimerais dire que chaque membre du groupe est issu d’un milieu musical différent et qu’on écoute les influences de chacun pour voir quelle direction on aimerait prendre. Nous sommes un melting-pot unique.



Parlons de votre dernier album « Fission ». Les paroles montrent les difficultés de la vie que l’on a à affronter ou que l’on a déjà affrontées alors que l’on ressent une réelle attitude positive sur scène. Comment pouvez-vous expliquer ce contraste ?

Jack : On laisse juste l’art s’exprimer et ce qui se passe en nous.

Will : C’est super d’écrire avec trois autres personnes. Quand on partage ça dans une œuvre d’art dans un amphithéâtre devant 400 ou 1400 personnes, ce que tu dis dans la chanson t’incite à donner toute ton énergie positive. C’est fou !

Un jour, tu as déclaré : « on ne peut pas tout contrôler dans sa vie. » Peux-tu nous donner une illustration de ces propos ?

Jack : Dans la vie, on ne peut pas toujours choisir ce que l’on veut. Si l’on ne pouvait que choisir ses desiderata, peut-être que chacun de nous serait plus heureux mais les luttes permettent d’apprécier davantage la vie. Les paroles de nos chansons reflètent beaucoup d’expériences vécues en tant qu’individu ou en tant que groupe. On écrit à partir d’une expérience très personnelle ou quelque chose d’honnête sur ce que l’on ressent ; l’expérience humaine est très unique et elle t’appartient. Mais si c’est très honnête de ta part, les gens qui sont passés par le même événement y adhéreront naturellement. Donc, c’est une grande source d’inspiration parce que c’est honnête.

Es-tu le seul à écrire les paroles ?

Jack : Non. Quand on se réunit à plusieurs dans la même pièce, tout le monde contribue, critique apporte sa pierre à l’édifice.

Will : Je suis dans la pièce de l’écrivain. (rires)

Vous passez tout à l’heure à l’émission télévisée Taratata. Est-ce que vous vous préparez psychologiquement avant d’aller à cette émission ?

Jack : On est en tournée depuis près d’un mois et donc je ne sais pas si on peut se préparer davantage. Les chansons sont solides et c’est vraiment excitant. On va jouer « Running In Circles » et deux reprises.

Vous revenez jouer à Rock en Seine le 22 août 2024. Passer d’un petit club à un énorme festival fait perdre l’intimité qui peut se créer entre les musiciens et le public. Comment appréhendez-vous ce show car vous n’aurez plus cette proximité avec le public ?


Jack :
Certes, on perd cette intimité mais on gagne toute l’énergie de cette multitude de personnes. On va capter différentes sortes d’énergies. C’est toujours cette adrénaline qui va nous pousser à fond. On va jouer comme d’habitude et nous allons capter l’attention du plus grand nombre. Si je suis excité de me retrouver là, les fans seront tout excités aussi ! Tout le monde va passer un agréable moment.

Ce sont les élections présidentielles aux États-Unis avec la candidature de Trump. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Jack : Je ne suis pas intéressé par la politique et je ne regarde pas le sport politique. Les gens votent pour élire les grands électeurs qui, eux-mêmes, éliront le meilleur candidat. Cela n’a pas d’importance de connaître ce que veut le peuple. Je ne sais pas mais pour moi, c’est comme choisir entre ceux que je hais et les autres que je hais également. Le président ne représente qu’une partie du gouvernement. Il y a le Congrès et le Sénat et les élections présidentielles ne sont qu’un point phare. Le président n’a pas autant de pouvoir que les gens peuvent l’imaginer.

Le dernier mot est à vous.

Jack : Merci de nous lire. Venez nous voir jouer ou rejouer.


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