Muscadeath XXIII – Festival 2025
Remerciements à Alexandre Saba et Benoît Denis pour l’accréditation
Texte et photos : Martine Varago
La XXIIIe édition du Muscadeath se déroule sous les cris, les riffs et la sueur d’un public passionné de musiques extrêmes. Entre découvertes, retours attendus et performances magistrales, cette édition 2025 offre une plongée intense dans les abysses du black et du death metal. Retour sur deux journées de fureur et d’émotion pure.
Jour 1 – Vendredi
Honneur au groupe de black metal indus Villes Ardentes pour donner le coup d’envoi du festival. Jeune formation née en 2021, elle nous livre une musique brutale, sombre et intense. Des compositions abrasives évoquent la vie des populations plongées au cœur des grands bouleversements historiques. Villes Ardentes nous entraîne dans un black metal sans concession.

Le second groupe à arpenter les planches du Muscadeath est Usquam. Originaire de la scène parisienne, il façonne un blackened metal intense : un savant mélange de black, death, doom et post-metal. Cette alchimie sonore promet richesse et profondeur.
Les textes d’Usquam, murmurés en français, en anglais et en latin, nous plongent au cœur des abysses de l’âme humaine. Leur spectacle s’accompagne d’un light show magnifique — ce qui, il faut le dire, n’est pas toujours le point fort des groupes de black metal.

Versatile
Le très attendu groupe suisse Versatile suit. Né en 2019 des profondeurs de Genève, Versatile développe un projet musical visionnaire. Issu de l’esprit torturé du chanteur Hatred Salander, leur musique est un subtil mariage, sombre et fascinant, entre la violence dissonante du black metal et la froideur mécanique de la musique industrielle.
Leur univers visuel, théâtral, profondément inspiré des Catacombes de Paris et de films d’horreur/fantastique, nous transporte dans un autre monde. Distribuant des masques de diablotins blancs aux fans du premier rang, Versatile plonge la fosse dans les ténèbres.

La soirée se poursuit avec le quintet français Deathcode Society. Venus d’Annecy, ils distillent un black metal symphonique à la fois mélodique et aux riffs tranchants. Derrière leurs masques de corbeaux (ou autres créatures), le chant extrême — principalement guttural, parfois plus mélodique — s’exprime toujours dans une ambiance sombre.
Influencés entre autres par Emperor, Deathcode Society mêle atmosphères intenses, brutes et grandioses, avec des morceaux longs et construits comme des voyages entre violence et envolées atmosphériques. Une prestation ambitieuse et majestueuse.

C’est la tête d’affiche qui joue en avant-dernier, à leur demande. Belphegor (du nom du Prince des Enfers) entre en scène, fiers et déterminés. Formé en 1991 sous le nom Betrayer, puis devenu Belphegor en 1993, ce groupe autrichien de black/death metal s’impose aujourd’hui comme l’un des piliers du genre.
Dès les premières notes, ils dévoilent rapidité et puissance scénique. Les riffs sont imposants, et le chant massif de Helmuth Lehner nous envoûte. Les cloches sonnent : il doit être minuit. Un show littéralement encensé par de l’encens d’église, un décor orné de croix inversées et enveloppé de fumigènes. Tous nos sens sont sollicités.

En fin de soirée — ou plutôt au cœur de la nuit noire — on se prépare à la déflagration finale avec Asagraum. Fondé en 2015 par la chanteuse/guitariste Obscura (Hanna van den Berg), le groupe incarne un black metal pur, intense et marqué par le satanisme.

Le set, sombre et psychédélique, s’inscrit dans la tradition old school des années 90. Les guitares tranchantes, les blast beats et la voix rauque d’Obscura créent une ambiance rituelle. À la batterie, Morthaemer monte en puissance dans ce chaos sonore contrôlé. Une fin de première journée bien black.
Jour 2 – Samedi
Le Muscadeath XXIII s’est révélé à la hauteur des attentes
Pour démarrer cette deuxième journée, Tanork débarque de Rennes. Porté par l’héritage de Morbid Angel, Sepultura ou encore Death, le groupe livre un death metal old school puissant, relevé de touches thrash. Et c’est le premier circle pit du jour, voire du festival. Tanork fait du bruit et réveille la fosse.

Ensuite, place à la déferlante South of Hell ! Formé en Savoie au début des années 2000, South of Hell (SOH) mélange death old school, thrash et black. Avec un nouveau line-up et un second album, ils livrent une prestation enragée. Forts de leurs racines savoyardes, SOH rend hommage à des légendes comme Death, Suffocation et Dying Fetus. Du death metal lourd et parfois teinté de doom.

Gurkkhas ressurgit des abysses. Né en 1999, le groupe de death metal breton revient en 2024 avec la réédition survitaminée de son deuxième album A Life of Suffering (2001), enrichi de 4 titres bruts de son premier opus Engraved in Blood, Flesh and Souls (2000). Cette réédition est l’occasion de replonger dans un carnage sonore du death metal à l’ancienne. Peut-être un peu trop, car Gurkkhas semble tourner en rond — comme le chanteur JF sur scène.

Place à l’international avec Devangelic. Le groupe italien façonne sur scène un brutal death metal massif et agressif. Le chanteur Paolo Chiti vocifère tel un ours en cage, entre riffs écrasants, chant caverneux et touches orientales. Le premier crowd surfeur pointe le nez. Un death metal mystique venu des profondeurs.

Retour en France avec Kanine, déferlante sonore made in Strasbourg. Formé en 2020, Kanine balance un mélange brutal de slam et de deathcore. Influencés par les pionniers du deathcore (Chelsea Grin) et les maîtres du slam (Extermination Dismemberment), ils imposent une performance scénique sans concession. Brutal, efficace.

La salle, jusque-là bien remplie, devient archi-comble pour Massacra Legacy. La légende française du thrash/death metal renaît ! Actif dans les années 1990-95, Massacra revient sur scène après la mort de Fred Duval en 1997.
Frappés par ce dècès, le groupe avait décidé de s’arrêter. Mené par Chris Palengat, batteur d’origine, et entouré de Moreno Grosso, J.A., Don Brutal et Nabil, le groupe revisite avec passion les trois premiers albums cultes. La fosse explose : circle pits et crowd surfings en série. Un moment historique pour la scène française.

Le festival se poursuit avec Demonical. Né en Suède en 2006 sur les cendres de Centinex, le groupe n’a rien perdu de sa hargne malgré plusieurs changements de line-up. Le death metal suédois old school s’exprime avec puissance, même si l’ambiance redescend légèrement malgré la qualité des musiciens.

Changement d’ambiance à nouveau avec Avulsed, quintet espagnol formé en 1991. Pilier de la scène extrême, Avulsed reste fidèle à son death metal brutal, mélodique et sans compromis. Avec un nouveau line-up et Dave Rotten — seul membre originel — toujours au micro, le groupe livre un set féroce.
La voix caverneuse de Dave, unique dans le genre, domine. Beaucoup de charisme et une communication fluide avec le public font de leur passage un moment marquant. La fosse s’enflamme et en redemande.

Unleashed
Pour clore cette édition, Unleashed entre sur scène. Fondé en 1989 par Johnny Hedlund, le groupe est un pilier du death metal viking. Les musiciens arrivent un à un, imposent leur présence et déroulent un set d’une puissance sans faille. Unleashed, l’un des « Big Four » du genre, combine riffs furieux, growls et histoires scandinaves. Un final maîtrisé, puissant, à la hauteur de leur réputation.

Le Muscadeath XXIII s’est révélé à la hauteur des attentes : un mélange parfait de groupes émergents, de légendes reformées et de scènes venues d’ailleurs. Des prestations mémorables, une énergie constante et une programmation riche ont fait de cette édition 2025 une référence.






















































