Among The Living
Interview

Entretien avec Laurent du groupe DEFICIENCY

Nous avons rencontré Laurent, chanteur et guitariste du groupe DEFICIENCY, pour evoquer le parcours du groupe et la sortie de leur dernier opus Warenta.

Deficiency

Comment avez-vous passé cette période covid ?

– Occupé ! (rires). Nous, tout était prêt donc c’est une période que l’on a consacrée à la sortie de la musique, donc en gros l’enregistrer. Donc 2020 c’était du studio et début du mixage en 2021.
Et en parallèle on a monté notre propre label donc ça nous a bien occupé aussi.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce label ?

– Comme on est un petit groupe, on a une certaine liberté sur le plan artistique. Mais là c’était aussi circonstanciel car notre précédent label a décidé d’arrêter son activité en 2019. Et du coup, grâce à nos 10 années d’expérience passées sur la scène, on en a profité pour créer notre propre label.
– Et on a aussi du coup sorti le premier album de TOWARD THE THRONE, un groupe de Mulhouse qui fait du Death Black atmosphérique. Et Death Awaits qui fêtent leurs 20 ans de carrière, dans un style plus extrême. Et enfin Atlantis Chronicles, qui a également sorti un très bon album.

Cinq années séparent vos deux derniers albums. Qu’avez-vous tiré de cette expérience dans le temps ?

– L’idée était de continuer dans notre dynamique de l’album The Prodigal Child. On l’a plutôt bien défendu avec une cinquantaine de dates en 2 ans, en 2017. On a fait des scènes plutôt sympas, dont le tour support d’Amon Amarth. Puis on a pris notre temps pour sortir notre album car on n’a pas de pression, que celle que l’on se met nous-même.

Certains groupes font une occupation régulière des médias pour être toujours dans le contact (Deezer, Spotify etc…). Qu’en est-il pour toi ?

– Ça ne m’interpelle pas car je ne consomme pas la musique de cette façon. On est un peu déconnecté de tout ça, c’est vrai. Surtout que nous n’avons pas les supports pour le faire contrairement à beaucoup d’autres groupes. Est-ce que ça va nous porter préjudice, je n’en sais rien mais en tout cas ce n’est pas notre démarche artistique pour le moment. On fonctionne encore à l’ancienne avec des albums conceptuels qui ont une histoire.

Warenta est encore un concept album. Est-ce toujours votre façon de faire ?

– Je ne peux pas prévoir ce que l’on fera dans le futur mais en tout cas pour moi en tant qu’auteur, c’est quelque chose de beaucoup plus facile à appréhender d’avoir une histoire à raconter, de connecter les titres les uns avec les autres.
Nous ne sommes pas un groupe engagé, politisé et l’on n’a pas envie de mettre cela en avant. Ce sont des histoires que l’on a envie de raconter, et l’aspect fiction avec cette pointe de réalité et de mystère.

En effet vous parlez de légendes basées dans le bassin lorrain. Est-ce une invention ou cela part-il d’histoires concrètes ?

– Oui ce sont des évènements qui ont vraiment existés à la fin des années 40, mais qui ont bien entendu été sujets à interprétation. Ces légendes, on les a entendues quand nous étions petits par nos grands-parents, donc transgénérationnelles et orales. Et on trouvait intéressant de les retranscrire à notre façon.
L’exploitation de charbon, c’est le cadre de cette histoire, pas le coeur de cette histoire !
On parle par exemple des oiseaux de malheur qui sont des plumes agglomérées retrouvées dans les oreillers. C’est une forme de malédiction. J’ai été jusqu’à rencontrer un historien local pour étoffer un peu tout ça.
Il y a tous ces éléments qui se retrouvent entre religion, superstitions et croyances…
L’histoire est à nos portes, le patrimoine tout autour de nous et en fait, c’est ce qui nous construit. Dans ce monde on l’on est gavés d’infos, c’est important de se recentrer, se ressourcer avec ce qui nous entoure.

Concernant votre clip A Fire Asleep, peux-tu me parler du site sur lequel il a été tourné ?

– Ces sites là on appelle ça un carreau c’est-à-dire la surface avec dessous un gruyère rempli de galeries par centaines. Celui-ci est un des mieux préservé du secteur qui a cessé ses activités en 1986 et il y a une volonté du syndicalisme d’en faire un musée.

deficiency - warenta

Vous avez un nouveau batteur ? Est-ce la place maudite dans le groupe ? (rires) Et qu’a apporté Benjamin du coup ?

– C’est vrai que l’on n’a jamais gardé le même d’un album à l’autre quasiment, sauf sur nos 2 premiers albums. Mais ce n’est pas une place maudite ! (rires). Le problème avec l’avant dernier, Tom, c’est qu’il habite à 400 kilomètres et ça devenait très compliqué.
Benjamin le nouveau batteur devait justement remplacer Tom sur des dates car il allait devenir papa donc la transition s’est faite très naturellement. Et on s’entend encore très bien.
Ben a une approche du jeu totalement différente de nos autres batteurs. Il ne vient pas du métal extrême à la base, mais il est plus classique rock ou rock progressif. Le plus extrême qu’il écoute c’est du Slayer ou du Pantera. Donc il a un peu découvert cette scène avec nous. Il a vraiment un toucher et une sensibilité très différents et il a su agrémenter de son jeu un peu tentaculaire nos compositions. Il a un jeu plus en finesse au final.

Il a 3 collaborations sur votre album. Peux-tu m’en parler ?

– Alors déjà il y a ma soeur qui joue de l’alto sur un des morceaux.
David Alvarez, d’Angelus Apatrida, on le connait depuis une paire d’années et on a déjà partagé des scènes avec eux. Ils sont super cools, on a toujours gardé le contact et on se voit régulièrement au gré de leurs tournées. Du coup cela s’est fait très naturellement. David est pour moi un des guitaristes les plus incroyables de la scène trash, avec une patte et un son bien à lui.
Ensuite on a Björn Strid de Soilwork, que je ne connaissais pas personnellement mais que j’avais déjà croisé. On l’a contacté par mail. Ils venaient de sortir leur dernier EP.
Mais ils ne pouvaient pas tourner du fait de la pandémie et du coup il avait plus de temps. Du coup on a u la joie d’avoir un retour de sa part ! on a discuté, on lui a soumis notre idée et on lui a envoyé le titre. Ça lui a plu et du coup ça s’est fait comme ça, rapidement et naturellement.
Il faut savoir que ce groupe, Soilwork, est une de mes principales inspirations, notamment au niveau du chant.

Lors de notre dernière interview, tu me disais que tu écrivais les textes avec ta compagne. Est-ce toujours le cas sur celui-ci ?

– Un peu moins sur celui-ci. Là, c’est plus moi qui ai écrit mais aussi car elle jouait un autre rôle, entre autres c’est elle qui a fait la pochette de l’album, avec le montage et tout. Elle s’est aussi occupée des photos promo, l’agencement et le reste. Bravo à elle !
Au niveau de l’artwork, on a décidé de changer un peu toutes les équipes, non pas parce que nous n’étions pas satisfaits mais pour changer d’air et avoir des regards différents sur notre travail. Donc le studio, le mixage et le mastering ont été fait ailleurs, ainsi que le clip. On voulait un regard neuf sur notre travail.

Et le studio report, c’était dans quel but ?

– En fait, c’était surtout pour nos fans car 5 ans c’est long entre 2 albums et du coup on voulait partager et montrer comment on bossait en partageant l’intimité du groupe. Et montrer notre volonté de partir de notre propre son, avec de « vrais » instruments et le livrer au type qui s’occupe du mixage.

Comment définirais-tu cet album musicalement ?

– Alors il est différent car le son n’est pas le même, mais il y a malgré tout une continuité, déjà ne serait-ce que par la voix car c’est toujours le même chanteur. Mais j’ai l’impression que c’est plus abouti dans tous les domaines, car on a plus prêté attention à tous les détails. Je pense que c’est un album qu’il faut écouter plusieurs fois pour bien le comprendre car il y a des tempos différents, des ambiances différentes entre chaque morceau et c’est une volonté de notre part.

Que penses-tu de l’évolution quant à la difficulté des groupes français à vivre aujourd’hui par rapport à avant ?

– Je pense que c’est encore plus dur qu’il y a 5 ans car il y a de plus en plus de groupes et tu te retrouves noyé dans cette masse. Et aujourd’hui, tout le monde veut tout et tout de suite. Je ne critique pas mais il n’y a plus cette épreuve du feu que l’on a vécu il y a 15 ans, à écumer les rades etc…
Et bien entendu on ne vit pas de notre musique.
Tu vois, on a mis 2 ans à enregistrer et déjà sur ce temps-là, beaucoup de choses ont changé. Donc on ne sait pas de quoi demain est fait et peut être que dans 5 ans, j’aurai changé de discours !

Avez-vous des dates de prévues ?

– La release party était prévue il y a 2 jours, le lendemain de la sortie officielle mais elle a été décalée du fait des conditions sanitaires. On a quand même fait un petit live en stream plutôt sympa.
Du coup la release live est décalée à septembre. Mais d’ici septembre, on a une dizaine de dates de prévues, dont certaines sont des reports, mais pas sur Paris.


 

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