Nous nous sommes entrenus avec les musiciens de No Return au Hellfest 2022. Ils nous parlent de leur prochain opus qui sortira en octobre, mais aussi de leur actualité.
NO RETURN a été créé en 1989. Avant en 1984 le groupe officiait déjà sous le nom d’Evil Power. Quels souvenirs gardes tu Alain de cette toute première formation et dans quel style musical jouais tu ?
Ah par rapport à Evil Power ? C’était effectivement un premier groupe où l’on faisait plus du heavy speed metal on va dire. Et du coup c’était le pré-No Return finalement. C’était du heavy/ speed metal influencé par Helloween et Metallica. Des souvenirs de jeunesse avec des gars avec qui j’allais à l’école ensemble avec (rires).
« Psychological Torment » est ton premier album studio paru en 1990. Quelles étaient alors les premières influences du groupe ?
Alors les premières influences à l’époque fin des années 80 début des années 90 on était vraiment baignés dans le thrash avec les premiers Metallica, Slayer, Testament. C’est vraiment l’influence du thrash de la Bay Area qui était vraiment importante. Cet album traduisait bien ça.
No Return possède une discographie enviable avec ses onze albums studios en incluant le nouveau à venir en octobre sur une période de plus de trente ans. Comment expliques tu cette productivité et ce dynamisme ?
Eh bien je pense que tant que tu as la passion tu as envie de créer des choses et de partager des choses avec les gens. bien sûr il y a toujours des galères qui arrivent avec des labels et des changements de line up. Alors tu souhaites faire évoluer ta musique au fil des années. C’est ça qui doit dicter un peu l’activité musicale et ce que tu proposes aux autres.
On peut réaliser que globalement vous êtes arrivés en même temps que Loudblast (85), Agressor (86), Mercyless (87) et Misanthrope (88). Des souvenirs particuliers de cette période où tout était nouveau en termes de thrash ?
Oui carrément parce c’est vrai qu’à l’époque il n’y avait pas autant de groupes que maintenant. On a effectivement commencé dans la même période que les groupes précités et qu’on retrouve souvent pour jouer ensemble C’était une période où il y avait moins d’anonymat parce que maintenant il y a une multitude de groupes. Avant c’était plus un petit nombre de groupes qui émergeait de cette scène thrash/death. Et ca a évolué au fil des ans. Maintenant tu as je ne sais pas combien de groupes. Le problème est d’arriver à s’extirper concernant cette scène.
« The Curse Within » votre dernier album studio en date est paru en 2017 puis un live est sorti en décembre 2020. Le prochain album intitulé « Requiem » sortira le 21 octobre prochain, comment s’est passé la composition et les sessions d’enregistrement ? A distance ou autrement vu le contexte particulier de la crise?
Alors du coup pour la composition c’est le plus souvent le guitariste Geoffroy et moi qui composons et après on fait les morceaux par maquette et on envoie aux autres. On a beaucoup travaillé à distance et après il fallait se retrouver en répétition pour les arrangements pour la structure finale. C’était un peu plus compliqué avec la pandémie bien sûr. Du coup on s’est un peu plus étalé dans le temps on n’avait pas le choix. On a aussi l’habitude de travailler ainsi avant et de s’envoyer les fichiers. La seule chose en plus qui me gênait c’était l’impossibilité de se voir justement par rapport à la crise sanitaire, on attendait. Mais bon globalement on a composé l’album on va dire sur deux années. Les deux années précédentes donc et on a le retour de Steeve au chant. On a enregistré la batterie et la basse avec Olive notre ingé son Live dans son studio .Les guitares et le chant ont été enregistré chez nous par contre. Olive s’est occupé du mix et du master et a fait un travail remarquable et on le remercie énormément pour cela.
Pour revenir à cet album live êtes vous pleinement satisfait de la set list ? Comment se passe alors entre vous la sélection des morceaux ? Y-a-t-il d’ailleurs des morceaux que vous ne jouez plus par exemple et que vous aimeriez réintégrer ?
Alors la set list on a essayé d’en faire une chronologique en prenant des morceaux de chaque album. Le concept du live a été conçu comme ça. Et on trouvait ça intéressant en termes d’évolution. Après le problème c’est quand tu as une dizaine d’albums c’est pas évident de choisir les titres. Donc voilà on a fait une sélection, on s’est mis tous d’accord mais c’est vrai que c’est compliqué. Quand on a plus de 120 titres c’est chaud de trouver une set list idéale entre guillemets. On a mis des morceaux de chaque album et effectivement en ayant conscience des morceaux les plus connus que les gens aimaient particulièrement. C’était un bon récapitulatif finalement de la carrière de No Return et ça permet de voir l’évolution sur les trois décennies.
Chaque album est représenté ?
Oui pratiquement. Il y a juste un ou deux albums qu’on n’a pas pu proposer de titres. C’est chaud car un concert on ne peut pas jouer super longtemps forcément trois heures par exemple. Et il est vrai que l’élaboration de la set-list a été compliqué.
Vous effectuez votre come back avec « Requiem » qui sortira le 21 octobre prochain via le label danois Mighty Records. Des dates sont-elles prévues ?
Nous songeons d’ores et déja à 2023 et espérons jouer au Hellfest. On y avait joué en 2015. Il y aura peut-être quelque dates en 2022 pour la release party et présenter l’album. Le gros des dates sera donc 2023 car notre album sortira le 21 octobre prochain en fin d’année.
Devons nous nous attendre à un album dans la veine des trois derniers de la décade 2010 ? Ou alors le retour de Steeve Petit au chant marque-t-il un retour aux sources ? Comme un clin d’oeil à l’époque où il était au sein de No Return ?
Alors ce qu’on voulait c’est justement mixer le No Return de la période où il y avait Steeve et le NR des derniers albums studios c’est à dire un mélange de death metal et thrash assez agressif et mélodique tu vois. Le but c’est vraiment d’arriver au No Return de 2022 avec tous ces éléments anciens et nouveaux. Et donc ne pas jouer uniquement avec la nostalgie car le groupe doit toujours évoluer mais montrer ce que NR est capable d’aborder avec Steeve et aussi les derniers albums. Et d’être résolument moderne dans le thrash metal.
Quels sont les thèmes abordés pour ce nouvel album « Requiem » ?
Les textes parlent de problèmes liés à la société contemporaine de notre monde actuel. Avec comme sujet les guerres, les excès de la mondialisation, la surpopulation, la désocialisation causée par les écrans et le besoin d’exposer sa vie, la corruption et le désengagement politique, l’addiction aux nouvelles technologies, le voyeurisme, l’avidité, le coté obscur des religions… .
En outre d’un point de vue musical No Return a commencé avec le thrash, s’oriente vers le death avec le deuxième album enregistré à Tampa, puis amorce un virage plus groove metal à la Pantera en 1995, puis intègre des sonorités à la Fear Factory à l’époque de leur opus « Demanufacture ». Aujourd’hui le groupe semble bien ancré dans le death/thrash. Comment vois-tu votre évolution musicale ?
Je pense que chaque album représente à un instant t ce qu’est No Return.
C’est vrai qu’il y a beaucoup d’influences. La base reste reste toujours du death/thrash metal avec ce mix de mélodie et d’agressivité. Après l’évolution a toujours été sur les guitares au fil des albums. Elles ont été plus travaillées c’est normal. En tant que musicien tu progresses aussi, tu as envie d’apporter cet enrichissement à la musique. Et effectivement on a toujours bien aimé les samples même si on n’est pas un groupe indus. Et donc rajouter des samples y mettre une ambiance dans les morceaux. No Return est relativement assez ouvert du moment que la base du groupe est bien là.
La pochette réalisée par Atelier Primitive est très réussie. Comment êtes vous entré en contact avec eux ? Ont-ils retranscrit au mieux votre vision des choses ?
Alors la pochette c’est Steeve qui l’a faite. L’idée est de montrer que nous vivons dans un monde de plus en plus technologique avec bien sur des cotés positifs bien sur mais aussi des points négatifs, comme l’addiction aux écrans de plus en plus importante qui entraine une désocialisation et un invidualisme prononcés.
Quelle a été l’implication de chacun d’entre vous dans l’écriture de « Requiem » ? Un single est-il prévu pour bientôt ?
Il y a un single qui est prévu pour bientôt effectivement. (Note de la rédaction : « The only one » il vient tout juste de paraître). Comme je disais les guitaristes amènent la structure des morceaux Et on assemble ensuite le tout en répétition, on voit pour les arrangements…Steeve s’occupe des textes une fois que la musique est établie.
Vous avez joué avec des pointures telles que Arch Enemy, Samael, Napalm Death, Sepultura, Coroner, Motorhead, Dew Scented, Angelus Apatrida, Cannibal Corpse et bien d’autres. Avec qui en terme de rêve aimeriez vous partagé la scène ?
En terme de rêve ce serait Metallica. C’est un groupe qui a été une influence majeure pour nous. J’aurais bien dit Slayer aussi. Cela aurait été le graal de jouer avec Slayer mais ce n’est plus possible.
Et Exodus ?
Aussi Exodus bien sûr.
Que pensez-vous de la scène métal française aujourd’hui.? Pensez vous que son âge d’or est aujourd’hui avec Gojira, Alcest, Deathspell Omega et Blut Aus Nord ou alors plus dans les années 80, 90, 2000 ?
Je pense que la scène métal française est très riche aujourd’hui tout style confondu et beaucoup plus professionnelle. Dire que c’est l’âge d’or actuellement est très subjectif, car les groupes que tu évoques ne me parlent pas plus que cela musicalement parlant malgré leur qualités évidentes. La diversité et la qualité de la scène fait que chacun peut y trouver son compte que ce soit dans le heavy,thrash,death,black ou autre style et c’est bien cela le plus important à mon sens.
As tu des anecdotes de tournées à nous faire partager ou plus simplement des souvenirs particuliers de certaines d’entre elles ?
J’ai l’habitude de dire que si le groupe n’est pas riche financièrement il l’est d’une autre manière qui est beaucoup plus importante et fondamentale pour moi.
Ce sont effectivement pleins de super souvenirs, de partages, de rencontres humaines avec des groupes, des fans ,que tu accumules sur 30 ans de tournées et de concerts et pour moi c’est une richesse beaucoup plus essentielle que l’argent. La tournée du Brutal Tour( avec Loudblast,Crusher,Massacra et No Return),les tournées avec Coroner, Arch Ennemy ou Cannibal Corpse en sont des parfaits exemples.
Actuellement avez vous prévu de voir des concerts au Hellfest que vous attendez particulièrement ?
J’ai beaucoup aimé les concerts de Whitesnake, Alice Cooper, Bullet for my Valentine entre autres..