HELLFEST Open Air 2024
27-30 juin – Clisson FRANCE
D’abord il y a Clisson…
Quand tu retrouves Clisson, ce sont des tonnes de souvenirs qui reviennent.
Ce sont ses vignes à perte de vue, quand on arrive en voiture, et qu’on est perdu sur une petite départementale avec des tracteurs qui traversent la route sur des chemins non carrossables.
C’est l’odeur du bitume qui remontent de ces routes entourant les vignobles quand il fait très chaud comme en ce mercredi avant l’ouverture du festival.
Ce sont des T-shirts noirs qui déambulent dans les rues jouant les touristes pour trouver un bel endroit pour prendre une bière et discuter avec les locaux sur les groupes qu’ils vont voir. Clisson est une ville tellement belle que les festivaliers arrivent parfois même une semaine à l’avance pour profiter de la douceur de vivre. Ils se perdent dans ses rues pavées du centre historique, admirent le château, sa halle datant du XIVème siècle, son architecture rustique à l’Italienne, le domaine de la Garenne Lemot et sa villa, la chapelle des Templiers, sans oublier le pont de la Vallée sur la Sèvre et sa vue imprenable sur le château sans oublier l’inoubliable pin parasol penché traversant la rue… et surtout ce qui est grisant c’est cette ambiance qui monte tout doucement avant l’ouverture de la cathédrale du Hellfest.
Le Hellfest est une ville post-apocalyptique dans un village historique.
Ce sont aussi des bars dans ce magnifique centre-ville et particulièrement ceux qui se trouve rue des Cordeliers et dans ses alentours qui sont encore ouverts quand les festivaliers retournent chez l’habitant pour se reposer quelques heures avant d’affronter les premiers groupes du matin.
Clisson, c’est une brise matinale, fort agréable quand on se réveille et qu’on regarde le ciel en se disant qu’aujourd’hui les Dieux de la météo sont avec nous, mais parfois ce sont des nuages sournois qui soudan arrivent pour nous apporter un orage d’Enfer.
Ensuite quand on rentre sur le site (Hellcity), ce sont toutes ces têtes qu’on croise depuis des années, toujours fidèle au poste, les responsables des bars, de la sécurité, des médias…
La curiosité est pourtant toujours présente pour découvrir les nouvelles créations ou animations qui sortent année après année pour sur-gonfler les prestations annexes du Hellfest. C’est toujours avec un regard d’enfant que l’on découvre de nouveaux visuels, de nouvelles structures, de nouveaux bars, de nouvelles façades partenaires qui rendent toujours aussi unique l’identité visuelle de ce festival.
Le Hellfest est une ville post-apocalyptique dans un village historique.
Le Jeudi, c’est warm-up…
Le jeudi c’est un peu comme un warm-up en Formule 1. C’est-à-dire qu’on vérifie l’état de la voiture, son moteur et ses pneus. Pour le Hellfest c’est d’abord vérifier ses classiques. Remettre ses tympans en ordre de marche. Réapprendre à son corps à headbanguer sur du thrash en observant le sourire narquois de Dave Mustaine caché derrière sa chevelure rousse toujours aussi heureux de jouer ici avec une belle liste très équilibrée piochant dans la longue discographie de Megadeth et ne jouant que deux titres (le titre éponyme et l’indestructible « We’ll Be Back ») de son dernier et excellent opus The Sick, the Dying… and the Dead!
Kerry King
Pour vérifier notre stabilité à toute épreuve on se cale devant Kerry King qui vient soutenir son album solo From Hell I Rise aux sororités proches de la période World Painted Blood/Christ Illusion mais avec la voix de Death Angel au travers de Mark Osegueda. Le guitariste est toujours placé au même endroit, il s’est affiné et n’oublie pas de nous rappeler d’où il vient en plaçant 3 titres de Slayer dont « Raining Blood » et l’inégalable « Black Magic ». Il ne faut pas prendre les autres musiciens pour des lapins de trois semaines puisqu’on retrouve le vieux compagnon Paul Bostaph derrière les fûts, Phil Demmel l’ancien guitariste de Vio-Lence et de Machine Head, ainsi que l’ancien bassiste de Hellyeah, Kyle Sanders. Amen !
Babymetal
Ensuite pour ne pas trop se prendre la tête et avoir une certaine curiosité (ou être sourd mais aimer les mangas) on peut regarder la chorégraphie hyper calibrée de Babymetal pour faire son heure d’activité physique quotidienne.
Après le premier tour de piste on repasse au stand pour se ravitailler ; c’est-à-dire prendre une bière avec des amis, recharger les accus et être plus curieux. Se lancer dans des circlepit sur Brujeria pour les réglages des chevilles ou venir admirer la talentueuse guitariste chanteuse Sylvaine faisant onduler sa longue chevelure à coup de riffs et terminant son set par un titre à cappella.
Dark Tranquillity
On s’arrête sous la Altar chercher la douceur du death metal technique d’un Dark Tranquillity et être toujours admiratif du charisme du classieux Mikael Stanne qui maîtrise toujours aussi bien ses parties vocales. On peut aussi réviser ses bases (arrières), en regardant dans les rétro qu’un Sodom ne s’approche pas trop près.
Dropkick Murphys
Comme toutes les courses d’endurance, il faut préserver ses acquis, y aller pas à pas et ne pas tout lâcher d’emblée. Les plus courageux n’hésiteront pas à se mettre à danser dans une ambiance tourbée devant les bostoniens de Dropkick Murphys. L’absence du second chanteur Al Barr pour raisons familiales se fait ressentir sur scène faisant perdre un côté festif et dynamique au show qui fait tout de même slamer le public sur l’irremplaçable et sublime « Rose Tattoo ».
Pour d’autres c’est retour au paddock pour refroidir le moteur afin d’attaquer le Grand Prix du lendemain.
Black Friday sous la Temple…
Comme on le dit souvent il n’y a pas un Hellfest mais une multitude de Hellfests.
Le choix, le goût de chacun fait que l’on ne peut pas être tous ensemble devant le même groupe devant la même scène au même moment. La diversité des choix fait qu’on réalise son festival à la carte ou parfois même en déambulant au sons qui sortent des différentes scènes et de laisser le côté aléatoire prendre le pouvoir.
Houle
C’est donc pour ça que pour moi le vendredi a été un vendredi de rêves sous la Temple… bien sûre. Un peu comme le vendredi pour les 25 ans de Garmonbozia à Rennes. J’ai vécu à nouveau une journée extraordinaire en commençant par Houle. Les parisiens qui aiment la mer, ses embruns et les tempêtes. Quelle fougue ! Quelle jeunesse ! Quel moment extraordinaire même s’il était que 11h du matin. Le groupe a retourné le public assez rapidement avec la prestation hors norme de sa chanteuse Adsagsona. Quelle présence sur scène. La scénographie nous rappelle les clichés de l’univers marin comme les phares, les bouts, il ne manquait plus que l’audeur de la marée et du poisson.
Du côté de la Altar c’est à coup de riffs bien tranchant à briser les nuques que l’après-midi va nous donner le « La ». Les français (masqués comme Zorro) de Solitaris viennent distiller leur metal moderne et expéditif. On en prend un grand coup derrière la nuque avec The Acacia Stain qui joue un hardcore qui nous permet de rentrer de plain-pied dans l’ambiance surchauffée devant la scène. Ou encore la belle prestation sobre de Klone qui joue sur les atmosphères sans en abuser mais créant un véritable échange avec son public.
Imperial Crystalline Entombment
Ensuite, comme il y a eu souvent au Hellfest par le passé, un groupe étonnant avec Imperial Crystalline Entombment. Les américains expérimentent un black métal symphonique un peu bizarre ou tous les musiciens sont vêtus de blanc jusqu’aux masques. Visuellement c’est assez original, créant une ambiance glacée et froide avant que l’on passe aux choses sérieuses. Rien de transcendant mais cela permet de se rafraîchir.
Shores Of Null
En revanche un peu plus tard on apprécie la prestation assez sobre et sans fioriture de Shores Of Null. Un peu les My Dying Bride ou Paradise Lost de deuxième division mais drôlement bien exécuté dont l’album bien doom et loin d’être joyeux The Loss of Beauty explore les différentes phases du deuil… On n’est pas là pour gueuler « Apéro ! ».
Textures
Le retour de Textures fait des émules sous la Altar. On sent que les musiciens sont contents de retrouver les planches. Ça se lit sur leurs visages. Ils n’ont rien perdu et savent toujours nous proposer une musique complexe : un prog metal raffiné et bien exécuté. Daniël de Jongh possède ce visage avenant qui sait communiquer comme pareil avec son public entre les titres incontournables de sa discographie.
Ereb Altor
C’est toujours un plaisir de retrouver Ereb Altor sur scène. Même si Mikael, leur ancien guitariste est décédé depuis peu (2022) et remplacé par un autre musicien, on arrive quand même à revivre les grands moments d’un viking metal à l’ancienne. Quorthon (Bathory) nous regarde sûrement caché avec les Walkyries. Le concert se déroule magnifiquement bien entre chœurs virils et gros riffs bien placés. On se croirait parfois dans les fjords même si le concert est en-deçà de leurs performances qu’ils nous avaient délivré lors du Ragnard Rock Fest en 2016.
Ce qui est fantastique, c’est la présence de deux formations dont j’attendais la venue en France depuis longtemps : Mork (le projet du one-man band Thomas Eriksen) et Kanonenfieber.
Le concert des norvégiens est carré, simple sans fioriture. Une musique qui va droit aux tripes. Pas de frime juste des musiciens avec du corpse paint. Pas étonnant que le groupe soit adoubé par Fenriz de Darthrone. Quel plaisir d’assister à l’une des premières prestations françaises des norvégiens, tout en appréciant le chant qui alterne passage growlé et voix claire. Le public le sait et c’est pour ça qu’ils sont en nombre. L’audience ne désemplira pas de toute la journée sous la Temple. Ici il y a moins de T-shirt Hellfest mais plus des T-shirts avec des logos de groupe de black metal. Hail Satan !
Kanonenfieber
Aujourd’hui nombreux sont ceux qui veulent assister à la prestation des allemands de Kanonenfieber venu de Bamberg, jolie bourgade de Bavière. C’est vrai que le décorum et la scénarisation sont extraordinaires. Nous sommes plongés dans les tranchées de Verdun avec des allemands déchaînés face à nous au-dessus desquels se trouve un gros Zeppelin pas encore en feu. C’est la guerre, ça brûle, ça explose sous le feu de la mitraille. Ils nous envoient des riffs bien violents pour une prestation remarquable. Les musiciens masqués (de noir comme chez Mgla) donnent un côté encore plus impressionnant et plus stressant à leur prestation sans parler du chanteur avec son casque à pointe. C’est sûrement l’un des moments forts de l’édition 2024 de ce Hellfest.
Ne Obliviscaris
Quant à Ne Obliviscaris ils ont tout simplement enflammer la Altar dans un déluge de riffs d’une précision chirurgicale. Comme Xenoyr n’a pu participer à cette tournée, c’est donc James Dorton de Black Crown Initiate et de The Faceless qui growle comme un malade. Même s’il reste assez statique, cela fait son effet tant le son produit par les australiens est parfait. Quand on assiste à des progueux pareils qui font un metal extrême cela rend rapidement fou le public. Le mix au niveau de la rythmique, des guitares et du violon (qui n’est pas toujours simple) est ici plus que parfait.
Satyricon
Ensuite on est heureux de retrouver Satyricon en France. On sait que Satyr n’aime pas partir en tournée mais là visiblement il est content de nous retrouver même s’il a pris de l’embonpoint. Pendant toute l’après-midi un bruit circulait comme quoi ils avaient perdu leur matériel à l’aéroport. On imagine mal les techniciens du Hellfest reconstruire le kit de batterie de Frost aussi rapidement. Pensez à la tête de Frost derrière une batterie aussi simpliste que celle de Stray Cats et ce sans tabouret.
Mais heureux nous retrouvons les norvégiens devant un backdrop monstrueux représentant une œuvre de Hieronymus Bosch. Les guitaristes et le bassiste sur cette tournée assurent parfaitement le job. Le show de Satyricon est mené de main de maître. Même dans les moments plus complexes comme lorsqu’ils interprètent des titres plus progressifs du dernier album Deep Calleth Upon Deep. En revanche rien à voir avec la déflagration que l’on reçoit avec d’autres titres (parfois plus black ‘n roll pour certains) comme « Now, Diabolical », « Repined Bastard Nation », « The Pentagram Burns », « K.I.N.G. » ou le majestueux et immortel « Mother North ». C’est donc un retour en force pour Satyricon qui retrouve les planches de Clisson pour nous donner une prestation efficace.
Emperor
Les patrons d’Emperor reviennent aussi à Clisson. C’est impressionnant de voir comment la machine fonctionne parfaitement sur des titres complexes extrêmement bien huilées. Le tout donnant une impression de fluidité. Ihsahn et Samoth sont toujours cachés dans l’ombre entre lumières bleues et fumigènes. Ils prennent un malin plaisir à nous interpréter des titres d’une discographie inestimable. Tout comme à Rennes en novembre dernier la bande à Ihsahn nous ramène dans les grands moments et les balbutiements d’un black metal qui devenait de plus en plus complexe et symphonique au travers principalement des titres irremplaçables d’Anthems to the Welkin at Dusk et de In the Nightside Eclipse.
« Ride the Lightning » est le titre auquel je pense lorsque je me réveille sous un ciel bien noir.
La météo joue avec les metalheads comme elle l’avait fait pour la dernière venue de Slayer en 2022 quand il s’était mis à pleuvoir des cordes sur « Raining Blood ». Alors pourquoi pas ce soir pour les Four Horsemen ? Et pourquoi pas sur « Rain On The Graves » pendant Bruce Dickinson ?
L’ambiance est un peu frisquet quand on arrive sur le site alors que les cartes bleues brûlent sur le merchandising officiel de Metallica…
Uuhai
Heureusement que les mongols de Uuhai (qu’on avait vu au Motocultor l’année dernière à Carhaix) sont là pour créer une ambiance originale même si la musique n’est pas aussi transcendante que celle de ses homologues de The Hu qui avait peut-être été aussi très médiatisé. Bref instruments traditionnel et metal « facile d’accès » créent une ambiance décomplexée sous la Temple.
Sanguisugabogg
On aurait pu imaginer Les américains de Sanguisugabogg jouer à la Warzone mais ce sont leurs gros riffs, voix hurlée et rythmiques saccadées qui vont faire le bonheur des festivaliers sous la Altar. Le brutal death donne un bon coup de fouet pour rentrer dans cette 3ème journée. Kronos qui leur succède délivre une prestation énergique. Les musiciens visiblement heureux de nous faire plaisir ont le sourire. Même entre eux on voit qu’ils jubilent de nous envoyer leur brutal death avec la « banane s’il vous plaît » n’hésitant pas à échanger avec le public.
Hrafngrimr
Le moment d’émerveillement et hors du temps est la prestation de Hrafngrimr. La folk nordique des français propose un voyage lointain au travers de la voix somptueuse de Christine Roche et des growls bien à propos de Mattjö Haussy. Entourés de danseuses, d’instruments traditionnels et de percussionnistes la prestation a du cachet. Le côté shamanique est très inspirant. Il suffit de fermer les eux pour être transporté très loin vers le nord hors du temps.
Wayfarer
L’autre grand moment est indéniablement la prestation de Wayfarer. Il aurait fallu leur créer une scène que pour eux tant leur musique s’inspire de différents courants pour leur trouver une place entre la Temple et la Valley. Les influences américaines des cowboys du Colorado se font ressentir. Chapeau pour le bassiste et jolies posent bien rock ’n roll pour les deux autres. Les américains savent tenir une scène avec leur post black metal au relent parfois stoner parfois infuser au gros rock américain.
Legion of the Damned
Le backdrop de Legion of the Damned est tout simplement sublime. En noir et blanc il en met plein la vue. La musique quant à elle va nous en mettre plein les oreilles. Quelle classe !
Le death/thrash metal des hollandais n’a rien perdu de sa superbe. Ils ont vu les choses en grand. Entre leur présence agressive sur le devant de la scène et le décorum sobre mais qui en jette. La musique est d’une efficacité redoutable et on se demande parfois pourquoi les bataves n’ont pas plus d’estime auprès des fans de musique extrême.
The Haunted
la scène de Göteborg revient sous l’Altar avec The Haunted. Le chant de Marco Aro est toujours bien taillée pour la scène. Agressivité, voix épaisse. La setlist nous fait passer un bon moment en nous rappelant la qualité du groupe qui n’a rarement baissé les bras au fil des années. Leur melodic death/groove metal nous percute la membrane auditive.
Kataklysm
Il a des groupes qui sont nés pour vivre la scène. Et c’est le cas de Kataklysm. Les québecois sont ici à Clisson comme à la maison. Maurizio Iacono n’est pas en reste et s’amuse avec un public conquis entre deux titres et ce toujours avec humour comme lorsqu’il demande à la foule de répéter «Tabernak !». Ces moments d’échanges sont bien les seuls moments de « quiétude » tant la prestation dévaste tout sur son passage. Cette puissance de feu donne de l’énergie au public qui headbangue à l’unisson.
Skyclad
Ils étaient déjà à Clisson il y a 10 ans, Skyclad repasse sous la Temple cette année pour la transformer en pub géant. Les anglais ont été parmi les premiers à associer musique folklorique et metal. Même s’ils ont pris de la bouteille (de la Pale Ale bien sûr) ils arrivent à faire danser le public avec leur musique aux intonations celtiques et à l’ambiance païenne.
Dismember
On n’y croyait plus mais ils sont enfin venu à Clisson. Dismember joue en même temps que Metallica mais cela n’empêche pas l’Altar d’être remplie. Le son épais et visqueux des suédois fait trembler le sol. Il est vrai que l’on a été gâté cette année au niveau du son et des lights sur les deux scène Temple/Altar). C’est un bon retour du old school death metal des pionniers. Back to 90’s. Entre les déclarations de Matti Kärki les musiciens délivrent une prestation bien relevée.
Metallica
La pluie diluvienne s’arrête, les escargots se promènent. Il est temps de voir la fin de la prestation de Metallica. Les écrans géants nous montrent un patchwork énorme d’anciennes news et d’images des musiciens. On se croirait dans un tabloïd vivant. Heureusement qu’il pleuvait juste avant ce qui nous permet d’assister aux exécutions d’« Orion », de « Nothing Else Matters », du costaud « Sad but True », du meilleur rescapé du dernier opus « Lux Æterna », de l’énergique et irremplaçable « Seek & Destroy », du moment solennel avec « One » et de la pierre angulaire « Master of Puppets ».
Même si parfois certains passages musicaux sont plus qu’approximatifs : les tympans analysent, les neurones corrigent et notre cerveau fait le reste pour lisser les imperfections pour nous plonger dans nos vieux souvenirs, qui eux resteront !
Eivor
Finir par Eivor est une bonne idée. Tutoyer les Dieux (nordiques) grâce à sa voix qui atteint des sommets permet de ralentir la machine, de faire baisser les watts et de découvrir une musique onirique jouée par des musiciens respectueux et passionnés. Un moment encore hors norme proposé par la programmation. Même si la chanteuse des Îles Féroé clôture les concerts de la Temple le public reste jusqu’au bout.
Le dimanche il y a ceux qui vont à la Messe (avec Batushka) et ceux qui vont au bistrot (avec le chanteur complètement défoncé de Yoth Iria).
Batushka
Dans l’église de Batushka, même si le décorum est bien planté entre candélabres, encens, icônes orthodoxes et cercueil bien entouré des musiciens, il manque quand même une ambiance plus sombre pour assombrir le tableau. Les chœurs font toujours leur petit effet avec les chanteurs qui tiennent la Bible dans leur main même si on ne sait plus vraiment qui sont les moines qui se cachent derrière les bures. Peut-être est-ce l’un de vos amis, qui vous a dit il y a une heure « Hé les mecs, je vais aller vous chercher un pichet d’une bonne bière d’abbaye ! » et qui n’est toujours pas revenu…
Yoth Iria
Revenons à la prestation de Yoth Iria. La musique des grecques est excellente avec des musiciens très professionnels sachant rendre sur scène ce qu’ils font sur disque… mais que dire du chanteur. On peut être chaud avant de monter sur scène pour se donner du courage mais là… C’est carrément du grand n’importe quoi.
Il était tellement défoncé qu’il n’arrive pas à se tenir devant son pied de micro qu’il balance un peu partout. Voulant communiquer avec le public et comme un alcoolo dans un bistrot surchauffé il veut se jeter dans les premiers rangs pour échanger sur les pronostiques du quinté avec son haleine de chiotte d’aire d’autoroute. C’est un peu dommage même si on a bien ri en essayant de ne pas le croiser et d’esquiver ses crachats dans le pit photo. Franchement il aurait pu se casser une jambe sans la présence des membres de la sécu qui le suivaient comme un bébé qui fait ses premiers pas dans un champ de mines.
Karras
Caliban annulant sa venue au Hellfest c’est Karras qui prend d’assaut la Altar. Le power trio composé de Yann Heurtaux à la guitare (Mass Hysteria), du bassiste/chanteur Diego Janson et d’Etienne Sarthou (AqME) derrière les fûts arrivent sur scène survoltés. À peine le pied sur les retours, Yann est déjà trempé sous son perfecto et crache une gerbe d’eau avant de balancer les premiers riffs de son death metal old school. Quelle énergie, pas de temps mort et une grosse baffe dans la tête du public qui se réveille d’un coup.
Queens of the Stone Age
Comme pour essayer de retrouver des sensations oubliées mais encore vivantes dans ma tête et mes veines de ce concert où on devait être une soixantaine de fans à l’Arapaho en 1998 où l’après Kyuss voulait encore dire quelque chose. On y bougeait la tête de gauche à droite pour éviter le fameux poteau pour observer les musiciens de Queens of the Stone Age qui venaient de sortir leur premier album éponyme à la pochette assez sexy. Le stoner ou desert rock n’étaient pas encore des gros mots dans la bouche de Josh Homme… Ici pas de problème de poteau avec les écrans géants, le grand rouquin est devenu un grand poivre et sel. Sa présence sur scène est toujours imposante mais le côté « Rock’n Roll » est perdu depuis longtemps (souvenir de leur prestation assez morne à Rock en Seine en 2014.
Suffocation
Les new-yorkais habitués du Hellfest sont de retour cette année. Suffocation et son brutal death technique va en retourner plus d’un. Les musiciens headbanguent autant que les gens dans la fosse. Les dreadlocks de Terrance Hobbs voltigent toujours autant autour de sa tête. Quant à Ricky Myers il est à fond le pied sur les retours, la main sur la cuisse à headbanguer pouvant rendre heureux un ostéopathe quant aux consultations futures.
The Offspring
Comme une nouvelle envie de rigoler aux mélodies faciles et entêtantes des californiens de The Offspring. C’est le moment de lâcher prise et de passer un bon moment. Sur les écrans on a l’impression que les musiciens n’ont pas trop vieilli alors que nous au bout de 4 jours de festival…
La foule reprend en chœur tous les titres qui ont fait leur renommé. Et des tubes ou plutôt des hymnes à faire la fête autour d’une piscine en buvant des Bud ils en ont fait les américains.
Tiamat
Le gothic doom de Tiamat est bien joué mais il a un peu vieilli. À l’image de son chanteur Tobias et de son couvre-chef assez désuet. On a quand même du mal à accrocher même si cela est bien joué penchant principalement la setlist du côté gothic plutôt que du côté death des premières années. La prestation des suédois possède ce charme suranné de musiciens qui aiment et savent tenir une scène sans en mettre plein la vue jouant avec sincérité.
I Am Morbid
Il est toujours aussi impressionnant de regarder et d’écouter David Vincent sur le devant d’une scène. Avec I Am Morbid on est quand même subjugué par le bonhomme. Il y a des gens comme ça qui savent prendre la lumière. Il en impose rien qu’avec sa présence derrière un micro la basse en bandoulière. Le son est puissant.
Dimmu Borgir
Dimmu Borgir sait toujours mettre les petits plats dans les grands. La déco monumentale comme savent le faire les groupes norvégiens. Les fumigènes et les lumières bleues glacés sont présents comme à l’aube d’un combat. Visiblement le public est conquis quand on voit le nombre de slammeurs voler au dessus des têtes. La setlist y est aussi pour beaucoup réalisant un « best of » de leur discographie.