Entretien avec Der Weg Einer Freiheit, à l’occasion de leur passage au HELLFEST Open Air 2023
C’est un groupe au complet qui se prête à l’exercice de l’interview. Les musiciens de Der Weg Einer Freiheit sont professionnels, posés et bienveillants. Leurs réponses sont mesurées, jamais dans l’excès et toujours dans l’analyse.
Lionel/Born666 : Pourquoi faites-vous des interviews aujourd’hui ? Avez-vous quelques choses à promouvoir ? (rires)
Nikita Kamprad : On a fait notre show et notre label (Season of Mist) nous a demandé si on voulait faire des interviews. Je veux dire qu’il y a toujours quelque chose à dire et pas seulement pour la sortie d’un album. Quand notre dernier album est sorti nous avons fait que quelques festivals. Nous avions fait le Summer Breeze et le Party San. Maintenant cette année nous nous rattrapons un peu.
Nico Ziska : Et puis ici au Hellfest il y a beaucoup d’excellent groupes comme Iron Maiden demain.
Lionel : Pendant votre prestation j’ai remarqué beaucoup de sourires sur vos visages. Ça s’est bien passé on dirait ?
Nikita : C’est la preuve que nous étions fondamentalement heureux. Et je pense que je peux le dire pour tout le monde. Je pense aussi que c’était en fait l’un des spectacles les plus épuisants pour les vocaux d’une certaine manière. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être à cause de la poussière et de la chaleur et pourtant ce n’est pas le premier festival où nous jouions dans la chaleur donc je ne sais pas trop quelle était la raison. En fait, peut-être que tout ce qui pouvait nuire au spectacle lui-même n’a pas entaché notre prestation. C’était génial !
Je me souviens que par le passé vous aviez devant vos micros vos logos en fer forgé. Ils ont disparu de la scène d’ailleurs. Peu de temps après vous avez changé votre logo. Est-ce la raison ?
Ce logo n’a existé que pour l’album Finisterre donc on ne l’a utilisé que pour cette tournée. C’est pourquoi nous ne l’utilisons plus. Il n’y avait rien de vraiment sensé pour faire quelque chose de similaire pour les tournées qui allaient suivre comme celle de Noktvrn.
Nous avons donc gardé nos deux logos sur la gauche et sur la droite de la scène ainsi que les logos verticaux.
Nico : Nous gardons cela parce qu’ils sont universellement utilisables d’une certaine manière. Ce sont des choses que l’on peut mettre de temps en temps. On pense mettre celui de Finisterre devant la scène uniquement pour la dernière chanson car « Finisterre » est sortie sur l’album du même nom. Cela aurait du sens de la mettre là.
Je disais cela car du côté photographe c’était intéressant de faire des clichés au travers…
Nikita : Dans le futur on fera peut-être un nouveau design pour la scène.
Nico : De plus, beaucoup de groupes s’en servent en ce moment. On en voit un peu partout…
Quelles sont les principaux changements que l’on retrouve sur votre dernier album ? Des moments plus calmes…
Nikita : Je pense que tu dis ça à cause du titre « Haven » de Noktvrn qui parle d’un ami. C’est l’une de mes chansons préférées et l’une des plus importantes pour la carrière du groupe. Peut-être pour la vision du groupe parce que cela n’a rien à voir avec un titre de black metal en premier lieu. Je vois toujours les classements Spotify et c’est le titre qui est le plus écouté. Cela me rend toujours un peu triste. Je veux dire que c’est la dernière chanson de l’album et la dernière malheureusement jouée ainsi.
Parfois un dernier titre d’un album montre la voie pour un prochain album…
Nikita : Non, pour le moment on est en tournée avec une nouvelle image de la scène. On ne travaille pas sur de nouveaux titres. Je suis comme un chat, je ne suis pas une personne multitâche. J’aime être concentré sur une chose à la fois.
On est en tournée entre date et festival pour continuer de promouvoir l’album Noktvrn et cela est important pour nous. Le dernier festival que nous faisons cette année sera le Motocultor en août et après je commencerai à réfléchir au nouvel album.
Donc vous avez l’idée générale du nouvel album dans votre tête.
Quelques pensées quelques mélodies mais rien de tel pour structurer de nouveaux titres.
Vos méthodes d’écriture ont dû changer avec le temps…
Nikita : Une raison très pratique, une raison sans émotion, c’est que j’utilise la technologie comme un ordinateur. En studio par exemple, l’ordinateur offre tant d’opportunités qui peuvent être bonnes, qui peuvent aussi être mauvaises car vous pouvez aussi perdre beaucoup de temps dans le processus de création.
En tant que producteur de musique, je peux utiliser tous ces outils que je ne pouvais utiliser par le passé, par exemple. Pour le premier album, j’étais très limité même si tous le monde était impliqué.
Lorsque vous créez de la musique ou lorsque vous créez de l’art ou quoi que ce soit, c’est toujours votre personne, votre caractère, votre personnalité que vous retrouvez en musique. De plus tu es impliqué avec d’autres personnes pour de nombreuses années.
Quand vous êtes en studio, écoutez-vous de la musique ?
J’ai tendance à demander à d’autres personnes de me recommander des musiques à écouter et de me faire une playlist. Ensuite il suffit de la mettre en lecture aléatoire. Donc je ne sais pas ce que j’écoute à ce moment-là. Si à un moment j’aime la musique que j’écoute, je regarde mon téléphone et je me dis « ah oui c’est ce groupe ! je ne m’attendais pas à ça ! ».
Pour être honnête, d’autres musiques peuvent inspirer ma propre musique, ce n’est pas comme si je voulais dire que tout vient de moi. Les autres musiques font partie bien sûr de mes influences.
Est-ce que la peinture ou un bon livre peuvent vous inspirer ?
Les livres de Stefan Barth et de Hermann Hesse par exemple et plus récemment The Power Of Now : A Guide To Spiritual Enlightenment d’Eckhart Tolle paru en 1997
Comment s’est passée votre tournée avec Igorrr et Amenra et Hangman’s Chair ?
Nikita : C’était vraiment super. C’était vraiment long et épuisant parce que c’était cinq semaines ou un peu plus de cinq semaines. Mais pour moi, c’était vraiment spécial parce qu’Il y a moins de 10 ans j’écoutais beaucoup d’Amenra et je n’aurais jamais cru que je partirais en tournée avec eux un jour. Et puis je me retrouve à jouer avec eux et même partager le tourbus. Ils sont même devenus des amis proches. On a passé de bons moments ensemble comme lorsqu’on allait dans des bars et des clubs. C’était vraiment spécial et avec Igorrr et Hangman’s Chair c’était super sympa. Une tournée géniale avec des gens formidables.
Des Anecdotes que je n’écrirai pas dans l’interview ?
Nikita Kamprad : On s’est fait des sandwichs sur un grille-pain dans le tour bus (rire)…
Nico Ziska : Je veux juste te dire que rien de super bizarre ou d’extrême n’est arrivé. On n’a plus 20 ans, on est plus mûrs. Tout le monde avait grandi, donc tout le monde était vraiment calme et très professionnel, nous n’avions jamais été comme ça.
Tout s’est vraiment bien déroulé et vous devez imaginer qu’il y avait 40 personnes sur toute la tournée et qu’il n’y avait pas que 4 groupes, il y avait les roadies, les tour managers, les responsables du son de la lumière, du merchandising… Une très bonne atmosphère régnait entre nous tous. Chaque jour on te demandait comment tu allais. Cela peut paraitre anodin mais c’est très important.
Nikita Kamprad : C’était fluide et c’était toujours une bonne ambiance entre tout le monde, c’est très important. Si tu te défonces, comment peux-tu faire pour jouer tous les jours ?
Quand tu traverses différents pays avez-vous le temps de rentrer dans une boutique de disques pour chercher un album spécial ou un groupe dont tu es totalement fan ?
Nico Ziska : J’ai une histoire particulière à ce sujet…
J’adore les histoires spéciales…
Il y a quelques années, quand on tournait avec Devil’s Trade avec Dávid (Makó). Il est devenu un bon ami pendant la tournée et m’a demandé à Brake (Allemagne) si je rentrai dans un magasin de disques Hardcore Punk, quel disque j’achèterais ? J’ai juste répondu « Mec, je ne sais pas, peut-être un vinyle des Misfits » parce que j’ai grandi avec les Misfits mais je n’ai jamais acheté de vinyle. Et puis quelques heures plus tard. Il est revenu en me disant qu’il avait un cadeau pour moi et il m’a offert un vieux vinyle des Misfits et j’ai juste dit « Wouhaou… ». C’est une chose dont je me souviendrai toujours.
Nikita : Je ne me souviens pas du nom, mais les gens sauront où ils se trouvent à Aschaffenburg en Allemagne. Il doit s’appeler Echobeat ou quelque chose comme ça. C’est un ami à nous et il travaille pour une maison de disques Kolossal Records je crois. Je viens de le rencontrer l’autre jour et il a plus de 10 000 vinyles à la maison. Il s’y connait vraiment donc je peux certainement le recommander.
Malheureux là où j’habite pour le moment il n’y a pas grand-chose, ce sont de petites boutiques à part peut-être H2O. Je n’y vais pas souvent.
Je veux dire que si je veux avoir un vinyle parce que le groupe ou l’album ou même une chanson me convainc de vraiment vouloir l’avoir, je le cherche sur eBay ou sur un autre site.
Nous ne sommes pas des collectionneurs purs et durs. Chaque année j’en choisis deux, trois disques très particuliers que je veux vraiment avoir parce que je veux juste valoriser l’artiste ou l’album. Je veux juste l’avoir et peu importe le nombre d’albums spéciaux que tu aimes.
Allez-vous avoir le temps de regarder des groupes aujourd’hui ?
Lorsque nous avons planifié tout le voyage, nous avons décidé de rester également le samedi parce même si nous devions payer une nuit de plus c’était okay pour nous.
Nous sommes arrivés à 11 heures du matin puis nous avons eu le déchargement du matériel à 12 heures. Nous avons dû nous installer à 13 heures. Nous devions montrer sur scène à 15 heures et nous avons ces interviews et ensuite nous serons tranquilles pour passer un bon moment et profiter du festival.
Demain on aimerait voir Carpenter Brut sur la Mainstage, ce sont de bons amis, mais ils jouent assez tard, et nous devrons partir dimanche très tôt. Ouais, donc c’est toujours un compromis entre le sommeil et les shows.
Tu veux ajouter quelque chose pour les français ?
Nous avons toujours aimé jouer en France. C’est un pays très spécial pour nous car il a été l’un des premiers pays où l’on a joué à l’étranger après l’Allemagne. Ce sont des liens très forts. J’ai aussi l’impression que les Français nous aiment bien.
Nous venons de parler du fait que les Français sont différents des Allemands comme dans la façon dont ils se comportent ou dans la façon dont ils s’habillent. Alors ne changez rien, rester positif. C’est vraiment agréable de voir qu’à chaque fois nous arrivons à plaire au public et particulièrement ici au Hellfest !
Merci beaucoup !