Among The Living
Live Report

HELLFEST 2022 : Warzone 1.1

Journal de guerre

 La Warzone n’a jamais aussi bien porté son nom. Je sais l’image est facile, mais entre la température qui régnait sur le site (non couvert faut-il le rappeler contrairement à la Temple, l’Altar et la Valley) ainsi que la qualité des groupes, il fallait s’armer de beaucoup de courage et bien s’hydrater pour attaquer de front la programmation.

 Vendredi

J’ai commencé la Warzone sur Higher Power par curiosité en fin de matinée et là c’est la première claque de la journée. Sans prévenir le groupe balance tout ce qu’il a dans les tripes ce qui a pour conséquence de voir le public enchaîner circle pit sur circle pit, le tout sur une température qui commence déjà à mettre les organismes à rude épreuve. Devant un public conquis le combo anglais donne le ton de la journée et place le curseur au niveau de l’intensité à un niveau très élevé.


HIGHER POWER

La journée s’est enchaînée avec les vieux routards du hardcore made in boston de Slapshot. Plus punk que métal dans le son et les compos, « Choke » et ses amis n’ont pas eu besoin de forcer leur talent pour faire bouger le public avec les classiques du groupe et leur reprise des Smiths. L’ambiance sera par la suite un peu plus dansante sur Mordred et Rudeboy, deux groupes reprenant fièrement l’étendard de la fusion.


Mordred

L’arrivée de No Turning Back sonne le rappel de tous les fans de hardcore du Hellfest pour venir prendre leur claque. Le son des hollandais va retourner l’ensemble d’une Warzone qui commence à bien se remplir. C’est ensuite au tour de Dog Eat Dog avec son hardcore survitaminé à base d’influences rap et un saxophone, de revenir sur ses premières années avec un set composé principalement de morceaux du 1er album. Une transition tout en douceur avant que le fauve soit lâché. Alors que la nuit est tombée sur la Warzone, les Cro-Mags débarquent. Tournant comme un lion en cage depuis deux bonnes heures, Harley Flanagan et ses compères vont délivrer un set ultra compact et violent, mixant des titres des années 80 et ceux des dernières années (World Peace, Hard Times, 2020). La tension est palpable sur scène et dans le pit. Il faut dire que Flanagan attendait ça depuis des années de pouvoir à nouveau tourner sur scène sous le nom Cro-Mags. Déchargeant toute sa frustration et sa rage en musique, le groupe new-yorkais va prendre à la gorge le public dès les premières notes et ne relâchera son étreinte que sur la dernière note du dernier morceau. Un concert de haute voltige qui se terminera sur Apocalypse Now, où Flanagan décide sur un coup de tête de faire un tour dans la fosse tout en jouant de la basse. Un concert magique qui laissera des souvenirs dans la tête et des bleus sur le corps.


La soirée se termine sur Suicidal Tendencies, qui au vu de l’affluence à la Warzone affiche complet malgré une heure tardive. Ça débordait de tous les côtés. Cette foule démontrait à ceux qui pouvait en douter que Mike Muir et son gang continuent de bénéficier d’une côte de popularité très élevée en France. Côté musique j’ai eu du mal avec ce nouveau tournant. Sur quasiment tous les morceaux on a eu droit à des solos des différents musiciens (basse, guitare, batterie) au point qu’on avait plus l’impression d’assister à un concert de free-jazz qu’à la prestation d’un des meilleurs groupes de crossover des années 80.

Samedi

Cette seconde journée commençait malheureusement par une infidélité à la Warzone, puisqu’on avait décidé d’aller voir le set de Karras.
D’ailleurs sa place à Warzone n’aurait pas été totalement infondé, mais c’est une autre histoire.


Karras

Mon retour sur place s’inaugurait avec le groupe de oi française Lion’s Law. Une prestation assez semblable à celle qu’ils avaient effectuée début juin en ouverture de Komintern Sect. C’est carré, les morceaux sont taillés pour la scène et côté paroles, qu’elles soient en anglais ou en français, le public se fait rapidement prendre au jeu. Les parisiens terminent leur set sur Zonard et For My Clan, deux hymnes imparables.

Après une deuxième infidélité de la journée à la Warzone pour aller voir Knocked Loose nous mettre une claque sur la mainstage, on revient à la maison pour voir Frustration. Terminés la oi et le hardcore, sous un soleil de plomb, on tente de chercher un peu de fraîcheur auprès des héritiers de Crisis et Joy Division. Une pause post-punk salutaire qui va rencontrer là aussi un très grand succès dans une Warzone qui affichait un taux de remplissage important vu la température qui régnait sur Clisson à ce moment-là (on flirtait avec les 40°). Cette escapade musicale continuait avec les vétérans de la scène alternative des années 80, les Washington Dead Cats. Sans complexe face à la brutalité sonore qui sévit d’habitude sur la Warzone, le groupe a su embarquer le public avec lui dans son univers totalement barré (références aux films de séries B et aux films d’horreur entre autre).


Knocked Loose

18h30, c’est l’heure pour les parrains du New York Hardcore, Agnostic Front de se présenter. On pouvait penser que les deux cancers de Roger Miret et l’âge vénérable de Vinnie Stigma allaient peser sur leur capacité à tenir la scène de la Warzone, mais il n’en fut rien. Hormis un problème de micro pour Miret en début de set (comme pour leur précédent passage au Hellfest !) c’est surtout au niveau du choix des morceaux que j’ai été déçu. S’il y avait bien quelques classiques (The Eliminator, Crucified, Gotta Go…), le groupe est allé piocher des titres à la qualité plus que discutable dans des albums comme The American Dream Died. Un choix qui selon moi a pénalisé l’ensemble du set. On aurait largement préféré entendre Your Mistake, Friend or Foe, Anthem ou I Remember.

J’abandonnai le terrain après Roger et sa bande, décidant de faire l’impasse sur The Toys Dolls, Social Distortion et Anti-Flag.

Dimanche

La journée de dimanche fut encore plus décousue que la veille en ce qui concerne ma présence sur la Warzone. Elle commença avec Moscow Death Brigade. J’ai connu le groupe quand il était encore dans une veine purement hardcore et qu’il tournait essentiellement dans de très petites salles européennes. Depuis les russes ont évolué vers des sonorités plus électro. Ce changement de cap ne les a pas empêchés de mettre un joyeux bordel dans la Warzone tout en faisant passer plusieurs messages comme leur engagement contre le racisme. Et si le groupe joue masqué, même sous 40°, ce n’est pas pour faire joli, c’est tout simplement pour se protéger de la répression de l’état et des groupes néonazis en Russie. Un état russe dont ils ont également tenu à condamner la politique et l’invasion de l’Ukraine. Ce message a souvent été entendu sur scène lors de ces 3 jours au Hellfest, mais quand il est tenu par des Russes, ça prend une autre dimension.


MOSCOW DEATH BRIGADE

Difficile de ne pas être comblé !

L’après-midi a vu ensuite défiler du très brutal en matière de hardcore, Jesus Piece, voire très très brutal avec Wall of Jericho. Ce premier week-end se terminait à la Warzone avec Sick Of It All, qui malgré le feu d’artifice tiré en même temps que leur set, ne s’est pas laissé démonter et a poussé dans ses derniers retranchements une foule très nombreuse venue les voir en cette heure tardive. Le set avait été construit pour ne laisser aucun répit au public en enchaînant les titres les plus efficaces du groupe (Injustice System, Scratch the Surface, Step Down, Us vs. Them, Busted…).

Mine de rien en 3 jours, niveau harcdore, on a eu droit aux 3 des groupes les plus importants de la scène new-yorkaise, des groupes très prometteurs et des valeurs sûres.  Difficile de ne pas être comblé !

 

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