Entretien avec Lorenzo et Julien de IT CAME FROM BENEATH, respectivement guitariste et batteur, à l’occasion de la sortie de l’album Clair Obscur
Le 30 Novembre 2018 au Black Dog Café – Paris
Pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Lorenzo : Alors moi c’est Lorenzo. Je suis le guitariste d’IT CAME FROM BENEATH, je suis dans le groupe depuis 2 ans et demi et j’ai remplacé Alexis Merle.
Je suis arrivé dans le groupe à peu près au moment ou on finissait les parties de guitares de Clair Obscur notre dernier album.
IT CAME FROM BENEATH est un groupe de Deathcore qui existe depuis 2010 et originaire de Lyon.
Comment définissez-vous votre style ? Qu’est-ce qu’une formule deathcore très personnelle (Facebook) ?
Lorenzo : C’est marrant car depuis ce matin on en vient presque à se questionner la dessus (rires). Avec Julien (batterie) on en parlait encore tout à l’heure et on se demandait si on pouvait encore qualifier ça de Deathcore avec notre dernier album. Je pense que ce qui nous démarque du Deathcore classique c’est le fait d’avoir beaucoup de mélodies, de lead de guitares, de couches, et on y retrouve une ambiance atmosphérique qui est presque dramatique sur certains morceaux. Tous ces éléments donnent une touche que l’on ne retrouve pas souvent dans le genre, voire jamais.
Il y a beaucoup plus d’obscur que de clair sur cet album. N’avez-vous pas envie de développer la partie « claire » de vos compos comme sur Decline et Clair Obscur justement ?
Lorenzo : Suite au dernier EP (The Last Sun) qui était, pour le coup, vraiment Deathcore on a eu envie de développer ces parties plus claires. Du fait que chacun de nous écoutions des choses vraiment différentes, pour ma part j’écoute beaucoup de Metal progressif, on a voulu incorporer un peu de tout ça dans cet album. Et peut-être que dans un album ou deux nous ne serons plus du tout Deathcore.
Julien: C’est vrai qu’on a ouvert les portes à cette diversité.
Quelles sont vos influences ? Tu parlais de prog pour ta part, qui est plutôt antinomique avec le Deathcore, et pour les autres ?
Lorenzo : Pour ma part je suis un fan hardcore de TOOL, depuis toujours. J’aime beaucoup PERIPHERY, PROTEST THE HERO, et aussi TESSERACT dont le dernier opus est celui que j’ai le plus écouté cette année. Mais il y en a beaucoup d’autres.
Comment procédez-vous pour composer ?
Julien : On aime bien se retrouver à 3 pour composer, avec une base enregistrée en MAO (Ordinateur), et on pose nos idées. Parfois cela n’abouti pas et d’autres fois, comme avec le morceau Clair Obscur, tout vient naturellement. Je joue un peu de guitare aussi à coté de la batterie, sans avoir le niveau des loustics bien évidement (rires), et on avance comme ça.
J’adore cette façon de composer.
Lorsque vous composez, vous pensez déjà à l’orientation que vous voulez donner à l’album ?
Julien : En fait au départ on a commencé à composer de manière classique, comme on l’a toujours fait jusqu’à aujourd’hui. Il y a eu un déclic au moment où on enregistrait Optophobia où Alexis s’est amusé à balancer un gros solo bien marqué heavy à l’ancienne sur une plage qui déroulait. On s’est dit que cela n’avait rien à faire sur le titre, mais rapidement on s’est demandé pourquoi. A partir de là on a décidé que l’on ne ferait que ce qui nous faisait marrer, sans se fixer de limite.
Je suis content car sur cet album on a inclus plein de trucs qu’on n’aurait pas osé y mettre avant, comme du Post Hardcore voire même des passages gents.
Il y a un coté « synthétique » dans vos compositions, surement amené par le son de la batterie. Qu’en pensez-vous ?
Julien : Oui carrément. Cela vient du fait qu’on a bossé avec un Beatmaker qui a mixé notre album. Il est dans la scène Death Metal, mais à coté il fait de la Synthwave et je trouvais ça fun et je savais qu’il nous ferait un son massif.
C’est vraiment surprenant à entendre.
Julien : Je sais oui. Parfois en réécoutant l’album je me dis que c’est un peu trop et d’autre fois non. Je trouve que cela fonctionne bien, mais cela ne veut pas dire que sur le prochain album on fera la même chose. Cela amène un coté martial qui est vraiment efficace.
Si je vous dis que c’est un album de transition, vous prenez ça comment ?
Julien : (rires) Mais ne pleure pas Lorenzo. Je le prends plutôt bien oui, cela veut dire qu’on a commencé à ouvrir les portes comme on le disait.
Lorenzo : Perso je prends ça comme un gros compliment. Cela veut bien dire qu’on est dans une sorte d’évolution dans la continuité et que finalement on a réussi à apporter de nouvelles touches sans pour autant dénaturer IT CAME FROM BENEATH.
Julien : J’adore cet album car il est vraiment sincère.
Un mot sur le nom de votre groupe, qu’est ce qui vient d’en bas ?
Julien : (Rires) Alors c’est une histoire marrante à la base. En 2010 c’était la mode des noms à rallonges, et étant fan des films de SF des années 50/60 j’avais beaucoup aimé It Came From Beneath The Sea avec une vieille pieuvre dégueulasse, je te laisse imaginer le vieux nanar.
J’adorais ce titre, mais avec The Sea cela faisait vraiment trop long et du coup j’ai juste coupé la fin et voilà.
Qui a eu l’idée du titre et de cet Oxymore ?
Julien : Je plaide coupable. En dehors de la musique je suis passionné de peinture.
A ce propos la pochette est vraiment magnifique.
Julien : Ah merci. C’est ma tante qui a peint ce tableau. Elle est artiste peintre, aujourd’hui à la retraite. Elle a été emballée par l’idée de réaliser la pochette. D’où aussi de ne pas mettre le nom du groupe sur la pochette pour ne pas dénaturer l’œuvre.
Vous travaillez tous ? Y’a-t-il des musiciens de métier parmi vous ?
Julien : Oui on travaille tous. Perso je joue aussi pour un autre groupe qui s’appelle CELESTE au sein duquel je remplace leur batteur pour un an. Même si je suis payé sur les dates, c’est impossible d’être professionnel et d’en vivre cette année.
Avec CELESTE je vois bien que la tune rentre par le merch et les vinyles, et non pas par la vente de CD classique. Il faut tourner pour gagner sa vie dans la musique.
Comment vivez vous la scène Metal aujourd’hui ? C’est plus dur qu’avant de s’y faire une place ?
Julien : C’est à la fois plus dur et plus facile. C’est plus facile de créer de l’exposition, mais tu disparais aussi plus rapidement. C’est le coté presque jetable pour tout aujourd’hui.
Lorenzo : Je trouve cela plus difficile du simple fait qu’il y ait tellement de groupes aujourd’hui.
Julien : C’est vrai la bataille est rude. Mais il y a aussi une nébuleuse de coquilles vides concernant la myriade de groupes qu’on trouve aujourd’hui. Avec les outils facilement craquables sur le net, tous les groupes peuvent avoir un son de tueurs sur leur première compo, mais la différence se fait sur la longévité.
Parlez-moi de la vidéo avec Decline ? Qui a eu l’idée de vous scénariser en mode live ?
Julien : On a travaillé avec quelqu’un. C’est Xavier Metral, un lyonnais qui a déjà travaillé avec CELESTE. Je lui ai dit qu’on n’avait pas de tune et qu’on voulait faire un clip qui soit classe et pas vraiment scénarisé.
On est parti pour sortir un clip tous les deux mois, et il s’est investi dans le groupe et a misé un peu sur nous. Il fait du super bon boulot.
Le prochain clip sera diffèrent et plus conceptuel.
Vous avez des projets de tournée ?
Julien : Pour le moment on cherche des dates en France et sur les Week End, Paris c’est sur en Mars. En début Avril on a une tournée de 5 jours en Angleterre et au mois de Mai trois semaines de tournée en Europe en support d’on ne sait pas qui encore.